Trois collisions en moins de 7 000 miles parcourus
Au cours de son premier mois de service à Austin, le robotaxi de Tesla a enregistré trois incidents pour un total de seulement 7 000 miles (environ 11 265 km) parcourus. Ce chiffre équivaut à un accident toutes les 2 333 miles, une fréquence qui soulève d’importantes interrogations sur la fiabilité et la sécurité de cette technologie de conduite autonome.
Description des sinistres
Les trois collisions rapportées se répartissent de la manière suivante :
- Un choc par l’arrière en pleine nuit, endommageant la partie droite du pare-chocs arrière.
- Une collision avec un obstacle immobile, occasionnant des blessures légères aux passagers à bord.
- Un impact à basse vitesse lors d’un virage, impliquant un SUV et causant des dégâts mineurs.
Chacun de ces incidents a été pris en charge localement, mais leur accumulation en un laps de temps si court a déclenché l’attention des autorités et des observateurs de la mobilité autonome.
Comparaison accablante avec Waymo
Pour évaluer la performance du robotaxi Tesla, on peut la confronter aux chiffres de Waymo, l’un des leaders du secteur :
- Waymo a couvert plus de 125 millions de miles avec son service de robotaxis.
- Sur cette distance, 1 267 sinistres ont été recensés, soit un taux de 0,82 accident avec blessure par million de miles.
- Ce ratio, considéré comme « quasiment quatre fois plus sûr que la conduite humaine » selon Waymo, contraste fortement avec les 429 accidents par million de miles calculés pour Tesla.
Le robotaxi de Tesla accuse donc un taux d’incidents près de 500 fois supérieur à celui de la concurrence la plus avancée, soulevant d’importantes questions quant à l’efficacité de son système de détection et de prise de décision.
Une enquête NHTSA en cours
Face à ces événements, la NHTSA (National Highway Traffic Safety Administration) a ouvert une enquête approfondie. Les autorités cherchent à déterminer si des « risques systématiques » sont associés à l’usage commercial de ces véhicules autonomes. Plusieurs points sont examinés :
- Les séquences des collisions : analyse des enregistrements vidéo et des capteurs pour comprendre les défaillances.
- Le respect du code de la route : vérification d’éventuelles violations, telles que franchissements de stop ou dépassements dangereux.
- La réactivité du logiciel : étude de l’algorithme de freinage et des scénarios de recalcul de trajectoire.
Cette investigation marque un tournant pour Tesla, qui doit désormais collaborer avec les régulateurs pour faire la lumière sur ces incidents et garantir la sécurité des passagers et des autres usagers de la route.
Le manque de transparence pointé du doigt
Une autre critique majeure concerne la communication de Tesla. Contrairement à ses concurrents qui publient des rapports détaillés, l’entreprise de Palo Alto n’a pas rendu publiques les descriptions complètes des accidents, invoquant la protection de ses données propriétaires. Cette opacité :
- Entrave les analyses indépendantes menées par des chercheurs et des agences de sécurité.
- Alimente les doutes du grand public sur la robustesse et l’éthique de la technologie autonome.
- Contrast fortement avec la politique d’ouverture de Waymo, qui diffuse régulièrement des rapports circonstanciés.
Sans ce niveau de détail, il est difficile de comprendre si les sinistres sont dus à des défaillances matérielles, logicielles ou à une interaction complexe avec l’environnement urbain.
Limites statistiques et interprétation prudente
Si les chiffres paraissent alarmants, certains experts appellent toutefois à la prudence :
- Un échantillon de 7 000 miles est très restreint et peut fausser les taux d’accidents.
- Des conditions locales spécifiques (trafic dense, configurations routières complexes) peuvent aggraver temporairement les incidents.
- Les premiers mois de déploiement sont souvent marqués par des ajustements logiciels et des mises à jour fréquentes.
En l’absence de données sur plusieurs millions de miles, il reste délicat de tirer des conclusions définitives sur la performance à long terme de la flotte Tesla.
Enjeux et perspectives pour Tesla
Pour rétablir la confiance et répondre aux exigences des régulateurs, Tesla devra :
- Intensifier la collecte et le partage de données sur chaque incident.
- Optimiser ses algorithmes de détection d’obstacles et de prévision des trajectoires des autres véhicules.
- Renforcer la redondance des capteurs (lidar, radar, caméras) pour couvrir les angles morts.
- Collaborer étroitement avec la NHTSA pour démontrer l’efficacité des mesures correctives.
Alors que la conduite autonome apparaît comme l’une des révolutions majeures de la mobilité, le cas des robotaxis Tesla à Austin rappelle l’importance cruciale de la sécurité et de la transparence, piliers indispensables à l’acceptation de ces nouvelles technologies par le grand public et les autorités.



