Un nouveau dispositif de contrôle routier expérimental a été déployé depuis un mois dans l’État de Victoria, en Australie. Il s’agit d’un autovelox intelligent développé par l’américain Verra Mobility, capable de surveiller non seulement la vitesse, mais aussi une série d’infractions jusqu’ici difficiles à détecter automatiquement : usage du téléphone au volant, non-port de la ceinture de sécurité, franchissement de feux rouges et circulation dans les voies réservées aux bus.
Une phase de test indépendante sans sanctions
La phase d’essai a débuté début août et doit se terminer le 19 septembre. Pendant cette période, aucun procès-verbal n’est établi : l’objectif est de collecter des données pour évaluer la fiabilité des capteurs et la pertinence des algorithmes de détection. Le projet est entièrement géré par Verra Mobility, avec une autorisation du Department of Transport and Planning du Victoria, mais sans implication directe du gouvernement local.
Installation et mode de fonctionnement point-to-point
Deux remorques autonomes, chacune équipée d’un générateur à essence et d’un ensemble de caméras haute définition, ont été positionnées à des points stratégiques de plusieurs routes de Melbourne. Ce système “point-to-point” calcule la vitesse moyenne d’un véhicule entre deux points fixes, rendant presque impossible les contournements par ralentissement ponctuel.
- Remorques mobiles : autonomie de plus d’un mois sans maintenance.
- Caméras ANPR (Automatic Number Plate Recognition) : lecture des plaques en temps réel.
- Capteurs infrarouges et optiques : détection de l’usage du smartphone et de l’état de la ceinture.
- Analyse de la trajectoire : surveillance des passages en feux rouges et intrusions dans les voies bus).
Technologie de détection multifonction
À la différence des radars traditionnels, centrés uniquement sur la vitesse instantanée ou le franchissement de feux, l’autovelox Verra Mobility associe plusieurs modules :
- Module vitesse moyenne : pour évaluer le respect des limitations sur l’ensemble du tronçon.
- Module ceinture de sécurité : détection automatique des ceintures non attachées grâce à une combinaison d’images thermiques et de vision artificielle.
- Module usage du téléphone : détection de la posture du conducteur (tête penchée, bras repliés) et des reflets d’écran.
- Module circulation bus : identification de la ligne de marque au sol pour sanctionner tout véhicule non autorisé.
- Module feu rouge : calcul du passage au-delà de la ligne d’arrêt après le changement de signalisation.
Gestion des données et respect de la vie privée
Toutes les informations recueillies sont chiffrées et transmises uniquement aux autorités compétentes, sans stockage prolongé des images. Verra Mobility garantit que les données seront effacées au terme de l’expérimentation si la fiabilité technique n’est pas validée. Ce protocole vise à rassurer sur la confidentialité et à éviter les dérives d’utilisation pour la surveillance généralisée.
Avantages et contraintes pour la sécurité routière
Ce système offre plusieurs bénéfices potentiels :
- Réduction des comportements à risque (téléphone, ceinture, feux rouges).
- Couverture plus large grâce à la mobilité du dispositif.
- Effet dissuasif accru par l’imprévisibilité de l’emplacement.
Cependant, des défis subsistent :
- Complexité technique et coûts élevés d’installation et de maintenance.
- Besoin d’une homologation stricte pour chaque infraction détectée.
- Acceptabilité auprès des conducteurs et des pouvoirs publics.
Vers une adoption en France et en Occitanie ?
En France, l’introduction d’un tel équipement nécessiterait une évolution réglementaire majeure. Actuellement, seuls les radars vitesse et feux rouges bénéficient d’une procédure d’homologation nationale. Tout nouvel équipement doit être validé par le ministère de l’Intérieur et son utilisation est souvent conditionnée à la présence d’agents sur le terrain.
Adaptations réglementaires indispensables
Pour permettre la détection automatisée de délits tels que l’usage du téléphone ou le non-port de la ceinture, il faudrait :
- Étendre la liste des infractions pouvant être relevées sans intervention d’agent.
- Mettre en place un cadre légal garantissant la fiabilité des caméras et la loyauté de la procédure.
- Définir des seuils techniques (sensibilité des capteurs, distance de détection) pour éviter les faux positifs.
- Former et habiliter les services compétents à la gestion des données chiffrées et à l’envoi des avis de contravention.
Enjeux pour les conducteurs d’Occitanie
Sur nos routes sinueuses entre les gorges du Tarn et la plaine toulousaine, la perspective d’un autovelox multifonction soulève des questions pratiques :
- Comment détecter la présence d’une remorque mobile cachée dans un virage ?
- Quelle marge d’erreur pour la reconnaissance de la ceinture dans un véhicule à vitre teintée ?
- Quel sera l’impact sur la fluidité du trafic lors de contrôles multiples en série ?
Si la technologie se révèle fiable, elle pourrait contribuer à une baisse significative des accidents liés aux distractions et aux infractions majeures. En attendant, l’expérimentation australienne reste une source d’enseignements précieux pour la sécurité routière de demain.