Le rôle stratégique des puces Nexperia dans l’automobile

Nexperia, fournisseur européen majeur de semi-conducteurs, équipe aujourd’hui une grande partie des systèmes électroniques embarqués dans nos voitures. Transistors et diodes bon marché, ces composants sont au cœur de la gestion moteur, des calculateurs d’ABS, des capteurs de pollution, mais aussi des écrans d’infodivertissement et des aides à la conduite. Une interruption de leur production ou de leur approvisionnement peut entraîner des goulets d’étranglement sur les lignes d’assemblage, avec un effet domino jusqu’au réseau de concessionnaires.

Éclatement de la crise : arrêt unilatéral des approvisionnements

Le 26 octobre 2025, la filiale néerlandaise de Nexperia a brutalement interrompu l’envoi de wafers à son usine d’assemblage chinoise. Motif officiel : l’absence de règlement des factures convenues au contrat par la branche asiatique. Cet arrêt des livraisons, décidé sans préavis, a pris de court l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement automobile et électronique.

Réaction immédiate de la filiale chinoise : ces accusations sont jugées « unilatérales et irresponsables », accusant la maison-mère d’utiliser des arguments « trompeurs et fallacieux ». Nexperia Chine assure néanmoins la continuité de la production grâce aux stocks de semi-conducteurs déjà achetés et à un « plan d’urgence » activé dès l’annonce de l’arrêt.

Conséquences potentielles pour les constructeurs

Plusieurs grands noms de l’automobile ont déjà exprimé leurs inquiétudes. Les industriels signaleurs de signaux d’alerte ont prévenu : un manque de puces d’ici deux à trois mois pourrait ralentir, voire stopper, certaines lignes de montage. Les conséquences se matérialiseraient par :

  • La mise en pause de la production d’équipes d’assistance à la conduite (ADAS), dont la plupart des calculateurs reposent sur ces diodes et transistors.
  • Une pénurie de composants pour les calculateurs moteur, avec des délais de livraison étirés au-delà de 12 semaines.
  • Un report des livraisons aux clients finaux, risquant d’impacter les objectifs de vente annuels et les bonus de performance.
  • La médiation diplomatique : Washington en arbitre

    Face à cette crise, la Maison-Blanche est intervenue en facilitateur entre La Haye et Pékin. Selon des sources proches du dossier, un accord informel pourrait avoir été trouvé lors du récent sommet Trump–Xi Jinping en Corée du Sud. Objectif : permettre la reprise rapide des exportations des sites chinois vers l’Europe.

    Le gouvernement néerlandais, tout en gardant un silence prudent, se dit toujours en pourparlers avec ses partenaires internationaux pour « trouver une solution équilibrée qui protège nos économies et assure la stabilité de la filière des semi-conducteurs ».

    Mesures d’urgence et diversification des fournisseurs

    Pour pallier l’arrêt des livraisons, la filiale chinoise de Nexperia a annoncé plusieurs initiatives :

  • Activation de stocks stratégiques de produits finis et semi-finis, garantissant une production continue jusqu’à mi-2026.
  • Qualification accélérée de nouveaux fournisseurs de wafers, en Asie et en Europe, afin de réduire la dépendance à la maison-mère néerlandaise.
  • Optimisation des cadences d’assemblage pour maximiser le rendement des puces en stock et prioriser les clients les plus critiques.
  • Ces actions visent à limiter l’impact opérationnel, tout en convainquant les clients de la résilience de la chaîne d’approvisionnement.

    Perspective d’un accord imminent

    Plusieurs indices laissent penser qu’une annonce officielle interviendra dans les prochains jours. Un retour à la normale des exportations chinoises de semi-conducteurs Nexperia vers l’Europe permettrait de :

  • Dissiper l’incertitude planant sur les plannings de production des constructeurs automobiles.
  • Rétablir la confiance des équipementiers tiers, souvent fragilisés par ces perturbations.
  • Relancer les investissements dans les usines de silicium européennes, favorisant l’indépendance technologique.
  • Impacts et enseignements pour la filière automobile

    Pour les responsables de la supply chain et les ingénieurs automobile de la Région Occitanie, cette crise offre plusieurs leçons :

  • Identifier les composants critiques et constituer des stocks de sécurité calculés sur la base des délais moyens de production et de livraison.
  • Évaluer la possibilité de sources alternatives pour les semi-conducteurs, en partenariat avec des start-ups locales et des centres de recherche universitaires.
  • Mettre en place une veille diplomatique sur les accords internationaux susceptibles de peser sur les exportations de technologies sensibles.
  • Renforcer la coopération entre constructeurs et équipementiers afin de mutualiser les coûts de qualification de nouveaux fournisseurs.
  • Au-delà du choc ponctuel, ces mesures peuvent aider à bâtir une chaîne d’approvisionnement plus robuste, à l’échelle régionale comme nationale.

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