Sur une piste improvisée en plein cœur de l’Occitanie, quatre icônes de la performance se sont affrontées pour désigner la reine des supercars : la BMW M3, la Nissan GT-R, la Porsche 911 Turbo S et la Lamborghini Huracán. Au programme, deux épreuves clés – la roll race (départ lancé) et la drag race (départ arrêté) – qui ont mis en lumière l’écart entre la puissance théorique et les véritables performances sur l’asphalte.
Roll race : la GT-R impose son rythme
La première confrontation a consisté en une accélération sur 200 m avec un départ lancé, l’objectif étant de tester la gestion de la traction et la souplesse du couple moteur. Voici les principaux enseignements :
- Nissan GT-R : Propulsée par son V6 biturbo, la GT-R a survolé l’épreuve grâce à une transmission intégrale parfaitement calibrée. Les départs explosifs et l’absence de patinage ont permis à la Japonaise de creuser un net avantage dès les premiers mètres.
- Lamborghini Huracán : Très réactive au lever de pied, la Huracán a brillé par son équilibre châssis-suspension, offrant des changements d’appui précis. Toutefois, quelques départs anticipés ont faussé ses meilleurs chronos et suscité la controverse sur la régularité de ses temps.
- Porsche 911 Turbo S : Modèle le plus abouti sur le plan de la constance, la 911 Turbo S a enchaîné les runs sans faille. Son système de double turbo et sa gestion électronique ont garanti des accélérations linéaires, maintenant toujours la pression sur la GT-R mais sans jamais la déloger.
- BMW M3 : La surprise vient de la M3. Malgré un bloc atmosphérique revisité pour dépasser les 1 000 ch sur le banc, la propulsion exclusivement arrière a pénalisé la tranchée de couple à bas régime, générant un patinage significatif au premier rapport.
Drag race : la Porsche tient son rang
Le départ arrêté, véritable test de la capacité à dompter la puissance brute, a complètement rebattu les cartes :
- Porsche 911 Turbo S – 9,60 s : La 911 Turbo S affiche un temps canon de 9,60 s sur le quart de mile, grâce à son launch control et à une motricité hors pair. Sa vitesse de sortie à 150 mph (241 km/h) témoigne de la précision de ses organes mécaniques et de son aérodynamique optimisée.
- Nissan GT-R – 9,88 s : Fidèle à sa réputation, la GT-R franchit la ligne en 9,88 s et atteint une pointe supérieure à 245 km/h. Le système de double embrayage et la gestion de couple par vecteur de traction lui offrent un avantage en seconde moitié de quarter.
- BMW M3 – 10,02 s : Après deux runs mitigés, la BMW M3 trouve enfin son rythme avec un 0-100 km/h en 2,46 s et un quart de mile bouclé en 10,02 s. Cette performance valide les progrès réalisés sur l’optimisation du différentiel arrière et du contrôle de traction.
- Lamborghini Huracán – 10,20 s : La Huracán clôt la hiérarchie avec 10,20 s, mais offre un spectacle sonore inégalé. Son V10 atmosphérique, libéré lors du kick-down, compense en émotion ce léger déficit de motricité à froid.
Analyse chiffrée et enseignements techniques
En comparant les performances, plusieurs tendances émergent :
- Traction intégrale vs propulsion : Les modèles à transmission intégrale (GT-R, 911 Turbo S) dominent dans les deux exercices, particulièrement au départ arrêté où l’adhérence prime.
- Systèmes de gestion électronique : Les algorithmes de lancement et de contrôle de patinage jouent un rôle décisif : la Porsche illustre la maturité de ces systèmes, tandis que la BMW peinait encore.
- Puissance vs exploitable : Les 1 000 ch annoncés sur toutes les cartes techniques ne suffisent pas; la répartition de la charge motrice et la capacité à la convertir en vitesse réelle font la différence.
Le véritable duel : pilote et châssis
Au-delà des chiffres, l’articulation entre le tempérament du pilote et les qualités dynamiques de chaque auto s’est révélée primordiale :
- Pilote Nissan : maîtrise des réglages de grip au volant programmable, extraction optimale de chaque milliseconde.
- Pilote Porsche : gestion millimétrée des passages de rapports et des phases de freinage pour remonter en sortie de virage avant la ligne droite.
- Pilote BMW : adaptation du launch control maison pour atténuer le patinage initial, améliorant ainsi le ressenti de la M3.
- Pilote Lamborghini : extraction du maximum de caractère moteur, privilégiant le plaisir sonore et la vivacité de réactions.
Ce face-à-face rappelle que la supercar ne se résume pas à une fiche technique : c’est une symbiose complexe entre la mécanique, l’électronique et le talent humain, où chaque composante doit être parfaitement calibrée pour transformer la puissance en performance pure.