Un modèle emblématique bientôt sous le marteau
Le 1er novembre prochain, la maison RM Sotheby’s de Londres mettra aux enchères une automobile pas comme les autres : la Mercedes-Benz 190 E 2.3-16 ayant appartenu à Ayrton Senna. Estimée entre 255 000 € et 290 000 €, cette berline sportive des années 80, dans sa remarquable livrée Smoke Silver Metallic, est bien plus qu’un simple véhicule de collection. C’est un témoin matériel de la légende du champion brésilien et de l’âge d’or des voitures à châssis rigide et moteur vif.
De la piste au garage : l’origine de cette 190 E
L’histoire commence le 12 mai 1984 sur le nouveau tracé GP-Strecke du Nürburgring. Mercedes avait convié 20 pilotes de renom – Niki Lauda, Alain Prost, Carlos Reutemann ou encore le jeune Ayrton Senna – à une Race of Champions disputée sous la pluie. Tous couraient à bord d’une 190 E 2.3-16 préparée en version compétition. Parti en troisième position, Senna déjoua toutes les statistiques en battant Lauda et Prost dès le premier virage, signant l’un de ses premiers faits d’armes sous les trombes d’eau.
Séduit par la maniabilité et la vivacité du châssis, le prodige de la Toleman passa commande, à Stuttgart, d’un exemplaire unique destiné à la route. En 1985, entouré de son compatriote Mauricio Gugelmin, il récupéra sa nouvelle monture puis la conduisit jusqu’à son domicile d’Esher, en Angleterre.
Caractéristiques techniques et équipements d’époque
- Moteur 2.3-16V : quatre cylindres à 16 soupapes développant environ 185 ch.
- Boîte manuelle 5 vitesses : une transmission précise, idéale pour exploiter la plage de puissance.
- Coloris : Smoke Silver Metallic d’origine, préservé par les différents propriétaires.
- Sellerie : cuir noir, finition haut de gamme avec surpiqûres particulières.
- Accessoires authentiques : autoradio Becker Mexico, extincteur homologué, trousse de secours jamais utilisée, kit d’outils complet.
Un kilométrage conséquent mais maîtrisé
Durant les deux années où Senna en fut propriétaire, la 190 E parcourut près de 45 000 km avant d’être cédée en 1987, lors de son déménagement à Monaco et de son passage chez McLaren. Par la suite, la voiture changea de mains à plusieurs reprises. L’actuel propriétaire l’a acquise en 1996 et l’a importée en Australie en 2004. Aujourd’hui, le compteur affiche presque 250 000 km, mais chaque année l’Autostadt de Wolfsburg, où la Mercedes fut régulièrement entretenue, veille à maintenir son état d’origine.
Anecdotes et détails qui font la différence
- Signature de Niki Lauda : gravée sur le tablier moteur lors du Grand Prix d’Australie 2016, en hommage à leur affrontement de 1984.
- Documentation complète : facture d’usine à l’attention de Senna, papiers d’immatriculation et reçus fiscaux à son nom.
- Composants intacts : volant d’origine, garnissage de porte, plus de vingt ans sans retouche de peinture majeure.
- Accessoires d’époque : housses de siège Mercedes, plaque constructeur assortie, manuel d’utilisation certifié.
Un objet de désir pour collectionneurs et passionnés
Dans le monde des ventes aux enchères, les véhicules associés à des icônes du sport automobile dépassent souvent les estimations. Ici, c’est la combinaison d’une mécanique de pointe pour son époque, d’un design raffiné et d’un pedigree unique qui attise la convoitise. Que l’on soit amateur de berlines allemandes ou fan inconditionnel de Senna, cette 190 E 2.3-16 représente un investissement autant qu’une pièce de musée roulante.
Préparer sa participation à l’enchère
- Expertise préalable : faire vérifier le matching des numéros de châssis et du moteur par un spécialiste Mercedes.
- État mécanique : solliciter un bilan de santé complet (jeu de soupapes, état de la distribution, contrôle du carter).
- Budget global : prévoir au-delà du prix d’adjudication les frais d’envoi, d’assurance, de douane et de remise en route éventuelle.
- Réseau d’entretien : identifier un atelier compétent en modèles classiques Mercedes pour garantir un suivi fidèle à l’origine.
L’héritage d’Ayrton Senna sur quatre roues
Ayrton Senna demeure l’une des légendes les plus vénérées de la Formule 1. Détenir la Mercedes qu’il choisit en dehors des circuits, c’est posséder un fragment de son univers, de l’époque où l’ombre d’une GTI de course se mêlait à la célébrité naissante d’un futur triple champion du monde. Pour la communauté d’Auto Occitanie, c’est l’assurance de conserver vivante la mémoire d’un pilote dont l’aura dépasse les lignes droites et les virages serrés.