Un plan incisif pour redresser la barre

Lors de l’Autumn Conference 2025 de Kepler Cheuvreux, Antonio Filosa, tout nouveau CEO de Stellantis, a dressé un diagnostic sans détours : la part de marché du groupe en Amérique du Nord est passée de 12 % à 7 % en cinq ans. Pour inverser cette tendance, il mise sur un triptyque simple : croissance, simplification des processus et renforcement de la rentabilité.

Plutôt que de s’enfermer dans une vision 100 % électrique pour 2030, Stellantis repense sa feuille de route et adapte son offre aux attentes réelles des automobilistes. Le mot d’ordre ? Flexibilité, à tous les niveaux.

Trois priorités pour relancer la croissance

  • Croissance du business : renouer avec une offre produit attrayante dans tous les segments, des pick-ups aux citadines.
  • Rationalisation des processus : passer d’une structure lourde à une équipe resserrée d’une quinzaine de responsables pour accélérer la prise de décision.
  • Augmentation des profits : optimiser les coûts, recentrer les investissements sur les projets à fort retour et tirer parti des synergies industrielles.

Pour Filosa, le moteur de la première priorité passe par le lancement de nouveaux modèles capables de répondre à la demande « ce que veulent vraiment les automobilistes ».

Le retour de moteurs emblématiques

Face à la chute des ventes de Jeep Cherokee, Renegade, Dodge Charger et Challenger, Chrysler 300 et certains RAM, Stellantis réintègre progressivement des motorisations à haute valeur émotionnelle :

  • Le V8 HEMI : après dix ans d’absence, le huit cylindres à la sonorité mythique reprend du service sous le capot des RAM et Dodge.
  • Le Dodge Charger Six-cylindres : une alternative plus sobre au V8, mais toujours orientée performance.
  • La nouvelle Jeep Cherokee : modernisée, plus technologique et conçue pour s’imposer à nouveau sur le segment SUV compact.
  • Un pick-up midsize RAM : pour concurrencer les Ford Ranger et Toyota Tacoma, un chantier essentiel pour regagner des parts de marché.

Ces relances visent à combiner l’attrait des passionnés de belles mécaniques avec les exigences d’un marché en constante évolution.

Stratégie différenciée selon les continents

En Amérique du Nord, Stellantis joue la carte du « retour aux sources » en misant sur le V8 et les pick-ups, là où l’émotion prime souvent sur l’efficacité énergétique. Sur le marché sud-américain, le groupe reste leader en proposant une gamme parfaitement alignée sur les besoins locaux : véhicules compacts, robustes et faciles d’entretien.

En Europe, le contexte est plus contraignant : normes strictes, pression sur les émissions et concurrence féroce des marques locales. Filosa appelle à une « flexibilité technologique » pour éviter que le 100 % électrique ne pénalise trop tôt la filière thermique et hybride.

La flexibilité technologique, clé de voûte en Europe

Au sein de l’ACEA, Stellantis plaide pour :

  • Neutralité technologique : reconnaître la valeur des motorisations essence, diesel, hybrides et électriques au lieu de favoriser exclusivement l’électrique.
  • Mesure des émissions : ajuster les seuils pour tenir compte de la diversité des usages, des véhicules utilitaires aux citadines ultralégères.
  • Soutien aux petites voitures : encourager la construction et l’achat de véhicules compacts plus accessibles et économes en ressources.

Selon Filosa, l’âge moyen du parc automobile européen – supérieur à 10 ans – témoigne d’une crise de renouvellement qui ne pourra être résolue que par une politique de soutien à la fois commerciale et réglementaire.

Des lancements échelonnés dès 2026

Le détail des nouveaux modèles arrivera début 2026, mais plusieurs chantiers sont d’ores et déjà confirmés :

  • Le RAM midsize, attendu pour la fin 2026 aux États-Unis.
  • La Jeep Cherokee restylée, avec technologies de conduite semi-autonome, pour le marché nord-américain et asiatique.
  • Le retour du V8 HEMI sous le capot de certains pick-ups et muscle cars de la gamme Dodge.

En parallèle, Stellantis poursuivra le développement des hybrides et du full hybrid en Europe, afin de maintenir une offre diversifiée et conforme aux futures règlementations Euro 7.

Un défi entrepreneurial et industriel

Redynamiser un géant de 400 000 salariés requiert un équilibre délicat entre ambition, pragmatisme et innovation. Pour y parvenir, le groupe mise sur la réactivité d’une équipe réduite et la force d’un portefeuille de marques couvrant tous les segments – de Fiat aux marques premium comme Alfa Romeo et Maserati.

Sur les routes sinueuses de l’Occitanie comme sur les vastes autoroutes américaines, ce plan de relance par les produits pourrait redonner à Stellantis la vigueur et l’attractivité qui ont fait son histoire.

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