À Valmontone, au sud de Rome, une opération conjointe des Douanes et de la Guardia di Finanza a permis la saisie de plus de 2 000 litres de gasoil manifestement altéré. Ce carburant présentait un point d’inflammabilité anormalement bas, révélateur d’un mélange avec de l’eau ou d’autres substances non autorisées. Cette fraude, qui porte atteinte à la fois aux moteurs des véhicules et à l’environnement, relance l’alerte sur la vulnérabilité du marché des carburants en Italie.

    Le déroulé de l’opération

    L’intervention a été planifiée après plusieurs contrôles aléatoires dans les stations-service de l’hinterland romain. À Valmontone, les agents ont découvert un stock de gasoil stocké dans des cuves non conformes, sans les dispositifs de sécurité obligatoires. L’analyse du laboratoire mobile a immédiatement montré que le carburant avait un point d’inflammabilité bien inférieur aux 55 °C prescrits par la réglementation italienne.

    Le gestionnaire de la station a été déféré devant le parquet de Velletri pour « frode in commercio ». Les sanctions prévues peuvent aller jusqu’à des amendes lourdes et des peines de prison, compte tenu du danger immédiat pour la sécurité routière et les consommateurs.

    Les techniques d’adultération du gasoil

    Plusieurs procédés ont été identifiés :

    • Mélange avec de l’eau, réduisant drastiquement le pouvoir calorifique et altérant la lubrification du moteur ;
    • Ajout de solvants ou d’huiles usagées, afin de masquer la présence d’eau et de fausser la densité mesurée ;
    • Introduction de « litri fantasma », par manipulation du compteur de distribution pour facturer davantage que le volume réellement délivré.

    Ces pratiques illégales ne se limitent pas aux stations isolées ; des réseaux organisés peuvent écouler des milliers de litres chaque semaine.

    Les conséquences pour les moteurs et l’environnement

    Utiliser un gasoil non conforme peut entraîner :

    • Grippage des injecteurs et dommages aux pompes à haute pression ;
    • Encrassement rapide du filtre à particules, voire rupture de composants sensibles (capteurs, catalyseurs) ;
    • Augmentation des émissions polluantes (particules fines, oxydes d’azote), aggravant la qualité de l’air et mettant en péril la santé publique ;
    • Coûts de réparation pouvant dépasser le prix économisé au moment de l’achat du carburant douteux.

    Au-delà du risque mécanique, la combustion de substances étrangères génère des résidus toxiques qui s’évacuent dans l’atmosphère et contaminent les sols et les nappes phréatiques.

    Le contexte des contrôles en région romaine

    Sur les 18 derniers mois, plus de 350 inspections ont été menées dans la province de Rome ; plus de 200 infractions ont été relevées, incluant :

    • La présence de carburant sous-normé, mélangé à des solvants ou des huiles usagées ;
    • La manipulation des installations de distribution pour gonfler les volumes facturés ;
    • Le non-respect des procédures de stockage et de sécurité dans les cuves.

    Les communes de Colleferro, Genazzano et Valmontone ont été particulièrement visées durant le plan d’action estival, coïncidant avec un pic des déplacements routiers.

    Signes d’alerte à surveiller

    Pour éviter la fraude au gasoil, plusieurs indicateurs peuvent alerter le consommateur :

    • Un prix de vente significativement inférieur à la moyenne des stations voisines ;
    • Des difficultés de démarrage, des à-coups ou une fumée noire ou blanchâtre au pot d’échappement ;
    • Des résidus huileux ou de l’eau visible lors du nettoyage du bouchon de remplissage ;
    • Une accélération saccadée et une perte de puissance après quelques kilomètres.

    En cas de doute, il est recommandé d’interrompre immédiatement le trajet, de noter le fournisseur et de contacter les autorités pour lancer une expertise du carburant.

    Renforcer la vigilance et les sanctions

    Face à la recrudescence de ces fraudes, la Guardia di Finanza a annoncé :

    • Une intensification des contrôles inopinés, notamment dans les zones rurales et périurbaines ;
    • La mise en place de laboratoires mobiles pour tester sur le terrain la conformité des carburants ;
    • Un durcissement des sanctions pour dissuader les opérateurs véreux.

    Les consommateurs sont également invités à signaler toute anomalie via le numéro vert dédié ou l’application mobile des Douanes italiennes.

    Impacts socio-économiques

    Au-delà des risques mécaniques et environnementaux, la fraude au carburant engendre un cercle vicieux :

    • Perte de confiance des automobilistes, qui hésitent à effectuer leurs pleins dans certaines stations ;
    • Distorsion de concurrence, pénalisant les exploitants honnêtes qui respectent les normes ;
    • Droit de regard limité sur l’origine et la qualité des hydrocarbures importés et distribués.

    Ce climat d’incertitude nuit à l’ensemble de la filière, depuis les raffineurs jusqu’aux gérants de petits commerces routiers.

    Bonnes pratiques pour les automobilistes

    Pour se prémunir contre ces escroqueries, Gérard recommande :

    • De privilégier les grandes enseignes réputées et munies de labels de qualité ;
    • De conserver les tickets de caisse et de comparer les volumes facturés avec ceux réellement délivrés ;
    • De vérifier régulièrement les données de votre véhicule (consommation moyenne, performances) pour détecter une anomalie ;
    • De faire appel à un professionnel pour tester le carburant en cas de suspicion.

    Cette vigilance contribuera à préserver la santé de votre moteur, votre budget et l’environnement.