Présentée en avant-première au Salon de Tokyo 1989, la Ferrari Mythos demeure l’un des prototypes les plus marquants de la fin des années 80. Issu de la collaboration entre Ferrari et Pininfarina, ce concept-car n’a jamais été destiné à la production, mais il a imprimé sa silhouette futuriste dans l’histoire de l’automobile grâce à une esthétique radicale et une ingénierie puisée dans la légendaire Testarossa.
Naissance d’un prototype visionnaire
Construit sur la base mécanique de la Ferrari Testarossa, la Mythos reprend :
- Le puissant moteur V12 de 4,9 litres, développant environ 390 ch.
- La transmission aux roues arrière, pour conserver le caractère sportif originel de la plateforme.
- Les radiateurs latéraux emblématiques, permettant un châssis sans contraintes majeures et offrant une liberté totale à Pininfarina dans le jeu des proportions.
Distinguée par le Golden Marker Trophy 1989 et sacrée au Car Design Award 1990, la Mythos a incarné la recherche esthétique de Pininfarina, qualifiée de “sculpture roulante” à son lancement.
Une silhouette en deux volumes entre finesse et puissance
La Mythos brise les codes traditionnels du coupé : son design juxtapose deux volumes nettement contrastés. À l’avant, la proue se veut relativement affinée :
- Capot plat et galbé, prolongé par des phares escamotables discrets.
- Absence de calandre ouverte, remplacée par une surface lisse et épurée en hommage à l’électro sculpture.
À l’arrière, le contraste est saisissant :
- Largeur augmentée pour loger l’imposant groupe motopropulseur et la mécanique éprouvée de la Testarossa.
- Lignes musclées et ailes généreuses, soulignant un profil musclé et agressif.
Aérodynamique active et innovations techniques
La Mythos intègre des solutions avant-gardistes pour son époque :
- Une façade arrière entièrement carrossée, traversée par une bande de feux horizontale sur toute la largeur.
- Un aileron mobile, conçu pour se déployer jusqu’à 300 mm selon la vitesse, grâce à un système télescopique sophistiqué.
- Le recours exclusif à la fibre de carbone pour tous les panneaux de carrosserie (capots, portes et panneaux latéraux), réduisant le poids et augmentant la rigidité.
Ces éléments visent à améliorer la portance et la stabilité à haute vitesse, tout en offrant un look résolument novateur, inspiré des barchette de compétition des années 50–60.
Un habitacle épuré, luxe et simplicité
À l’intérieur, la Mythos surprend par son minimalisme étudié :
- Sièges très enveloppants, recouverts de cuir pleine fleur et ajustables manuellement.
- Tableau de bord réduit à l’essentiel, sans console centrale imposante, pour ne rien distraire du plaisir de conduite.
- Pas de vitres latérales ni de toit rigide : un parti pris extrême qui amplifie la sensation de connexion au monde extérieur.
Cette approche spartiate, alliée à des finitions en cuir et aluminium brossé, reflète une quête d’élégance pure, où chaque élément répond à une fonction précise sans surcharge inutile.
Impact esthétique et héritage
La Mythos n’a jamais été produite, mais son influence s’est fait sentir dans plusieurs générations de concepts et modèles :
- Les lignes tendues et basses, que l’on retrouvera plus tard sur la Ferrari 512M et certaines éditions spéciales des modèles berlinetta.
- L’aileron actif, précurseur des systèmes aérodynamiques dynamiques adoptés ensuite par la F40 et la F50.
- L’usage intensif de la fibre de carbone, devenu un standard pour les carrosseries de supercars dès les années 90.
En Occitanie, où le patrimoine automobile est riche de circuits historiques et de rassemblements de voitures de prestige, la Mythos reste un mythe adulé par les collectionneurs. Son esthétique futuriste et ses innovations techniques témoignent de la vision avant-gardiste des créateurs de l’époque.
Pourquoi la Mythos fascine toujours
Plus de 35 ans après sa présentation, la Ferrari Mythos continue de susciter l’admiration pour plusieurs raisons :
- Son design radical, presque sculptural, défie les conventions et incarne l’esprit libre du concept-car.
- Ses avancées techniques, notamment l’aileron mobile et la carrosserie en carbone, ont anticipé les évolutions majeures des supercars modernes.
- Sa mécanique héritée de la Testarossa rappelle l’âge d’or des V12 atmosphériques, désormais disparus au profit des motorisations downsized et électriques.
Chaque détail de la Mythos raconte une ambition : repousser les limites du possible sans se soucier d’une quelconque contrainte de production. C’est cette liberté créative, aujourd’hui préservée dans les salons et collections privées, qui fait de la Ferrari Mythos une véritable légende sur roues.



