Un pick-up électrique taillé pour l’aventure… en théorie

Le Tesla Cybertruck a été présenté comme le pick-up électrique ultime : design futuriste, carrosserie en acier inoxydable et système de « gué automatique » capable de traverser cours d’eau sans sourciller. Malheureusement, la réalité de l’usage quotidien et des usages hors-piste révèle des failles techniques et financières qui font tiquer plus d’un propriétaire, y compris les plus fervents fans de la marque.

Mode « gué » : promesses non tenues

Autrefois vantée par Elon Musk, la fonction « pressurisation du pack batterie » pour résister à l’eau se heurte à la réalité des terrains boueux. Lors d’un franchissement en Californie, un propriétaire a vu son Cybertruck s’enliser profondément, malgré l’activation du mode « Gué » :

  • Le système n’a pas empêché les entrées d’eau et de boue dans le châssis, compromettant les composants sensoriels.
  • Le véhicule est resté bloqué, nécessitant l’intervention des pompiers et des autorités locales.
  • La garantie Tesla exclut explicitement les dommages liés à une utilisation en tout-terrain extrême ou aux tentatives de franchissement de gués profonds.
  • Résultat : factures d’assistance et frais de remorquage non pris en charge, laissant le propriétaire avec une note salée et un sentiment d’inachevé technique.

    Collision mineure, facture colossale

    Un second exemple, encore plus révélateur, concerne le Cybertruck d’un membre du magazine Edmunds. Simplement stationné, il a été percuté à l’arrière par une petite citadine :

  • Devis de réparation estimé à 57 000 USD pour des dégâts plutôt limités :
  • 9 000 USD de pièces et main-d’œuvre pour les suspensions arrière renforcées ;
  • 8 700 USD pour le remplacement du couvercle de benne et de la charnière correspondante ;
  • 5 000 USD pour un simple pare-chocs arrière en acier inoxydable.
  • Après six mois d’attente pour les pièces détachées, le véhicule a été jugé économiquement irréparable et mis aux enchères pour seulement 8 000 USD, illustrant l’écart entre le coût de construction et la valeur de revente en cas de dommage.

    Le revers de l’acier inoxydable

    La carrosserie « exosquelette » en acier inoxydable 30X ultra-résistant, l’une des signatures esthétiques du Cybertruck, a un prix :

  • Les soudures et l’usinage de ce matériau exigent des machines et des compétences rares.
  • La moindre ondulation de panneau nécessite un remplacement complet plutôt qu’une simple remise en forme.
  • Les délais d’approvisionnement des pièces inoxydables se chiffrent en mois, faute de stocks et d’ateliers spécialisés.
  • À l’usage, cela signifie que même de petits accrochages peuvent se transformer en gouffres financiers et logistiques.

    Fiabilité : des chiffres qui font tiquer

    Selon l’étude J.D. Power 2025, Tesla enregistre 209 problèmes pour 100 véhicules, un niveau supérieur à la moyenne industrielle de 202. Les types de plaintes recensés incluent :

  • Défaillances électroniques (écran tactile, capteurs) ;
  • Problèmes de verrouillage et d’étanchéité des portes ;
  • Bruits parasites dans l’habitacle dus à la rigidité excessive des portières en inox.
  • Ces statistiques traduisent un manque de maturité dans la production en série, qui se répercute directement sur le coût total de possession.

    Assurance et maintenance : un casse-tête pour le budget

    Au-delà du prix d’achat déjà élevé, le Cybertruck réserve d’autres surprises aux futurs acquéreurs :

  • Primes d’assurance supérieures de 20 % à celles d’un pick-up concurrent, en raison du risque de vandalisme et de la cherté des réparations ;
  • Entretien spécifique des suspensions et du système de pressurisation, facturé à la demi-journée chez les rares centres agréés ;
  • Absence de réseau de carrosserie tiers formés à l’inox, limitant le choix du réparateur et majorant les tarifs.
  • Le total des frais fixes et variables peut ainsi atteindre 10 000 € supplémentaires par an pour un usage mixte route et chantier.

    Conseils pour qui envisage l’achat

    Pour ceux qui désirent tout de même rejoindre l’aventure Cybertruck, mieux vaut anticiper :

  • Opter pour une extension de garantie longue durée couvrant l’électronique et la corrosion interne en tout-terrain ;
  • Planifier un budget « entretien-prévoyance » de 1 500 à 2 000 € annuels, en complément de l’assurance ;
  • Privilégier un usage urbain ou semi-léger, en évitant les passages de gués et le tout-terrain extrême ;
  • Étudier la possibilité d’une coopérative de propriétaires pour négocier tarifs de réparation groupés.
  • Ces précautions permettent de limiter la casse financière, mais ne gomment pas la réalité : le Cybertruck, malgré ses atouts technologiques, reste un défi logistique et économique pour l’automobiliste quotidien.

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