Un premier semestre 2025 en net recul

Stellantis a publié ses résultats de ventes pour les six premiers mois de 2025 et les chiffres interpellent. Avec seulement 2 664 000 véhicules expédiés entre janvier et juin, le groupe franco-italo-américain enregistre son plus bas volume semestriel depuis sa fusion en 2021. Comparé à la même période en 2024, la chute atteint -7,2 %, soit 208 000 unités de moins.

Les freins identifiés par Stellantis

Dans son rapport financier, Stellantis pointe plusieurs causes principales :

  • Diminution de la production de véhicules importés, particulièrement impactés par les droits de douane aux États-Unis.
  • Moindre demande sur le segment flotte, traditionnellement réservé aux grandes entreprises et aux loueurs.
  • Pénuries ponctuelles de production liées à l’arrêt de certains modèles concurrents en Amérique du Nord, entraînant des “vides” sur les lignes d’assemblage.
  • Rythme d’industrialisation ralenti pour les nouveaux modèles B-Segment en Europe, avec des démarrages de production décalés.

Performances par région

L’analyse régionale révèle un contraste marqué :

  • En Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA), les livraisons reculent de 7,1 % en raison d’un lancement tardif de certains SUV compacts.
  • En Amérique du Nord, le volume représente près de 35 % des ventes globales, avec un recul de 12 % sur les véhicules légers (près de 600 000 unités vendues).
  • En revanche, le Sud-Amérique affiche une progression de +20 % et le proche et moyen-Orient/Afrique de +5 %, cumulant désormais un volume supérieur à celui de l’Amérique du Nord.

La part de l’Europe dans le total des ventes est passée de 52 % en 2021 à 48 % en 2025, soulignant une diversification géographique croissante.

Le poids des modèles vieillissants

Si Stellantis évoque principalement les droits de douane pour expliquer la baisse aux États-Unis, un autre facteur entre en jeu : l’ancienneté de certains véhicules importés. Parmi eux :

  • Jeep Compass (plateforme Mexique, lancée en 2016) ;
  • Chrysler Pacifica/Voyager (Canada, 2016).

Ces modèles, âgés de près de neuf ans, peinent à rivaliser face à la concurrence plus récente et plus technologique. Quant aux nouveautés comme le SUV électrique Jeep Wagoneer S, la Dodge Hornet ou la gamme Alfa Romeo–Maserati importée, leurs ventes restent en deçà des ambitions.

La lenteur, un héritage de FCA

Historiquement, FCA — l’un des ancêtres de Stellantis — souffrait d’une mise sur le marché jugée trop lente. Exemples marquants :

  • Alfa Romeo Tonale : trois ans entre la présentation du concept et la commercialisation.
  • Fiat 500 thermique : dévoilée en concept en février 2020, arrivée en concession plus de cinq ans après.
  • Fiat Grande Panda : présentée en juillet 2024, première livraison un an plus tard.

Cette inertie retarde la génération de revenus sur les nouveaux modèles et creuse l’écart face à des constructeurs asiatiques ou allemands plus réactifs.

La feuille de route d’Antonio Filosa

À la tête du groupe depuis peu, le nouveau CEO Antonio Filosa doit impulser un tournant. Ses priorités probables :

  • Accélérer les cycles de développement en simplifiant les processus internes et en réduisant les validations redondantes.
  • Concentrer les ressources R&D sur les marques à fort potentiel (Alfa Romeo, Jeep, Stellantis ambitieux sur l’électrique).
  • Renouveler les gammes vieillissantes en ciblant des lancements synchronisés en Europe et en Amérique du Nord.
  • Optimiser la production pour limiter les “vides” sur les lignes et amortir les impacts des droits de douane par une localisation accrue.

Vers une simplification de l’offre

Stellantis compte aujourd’hui 14 marques, un portefeuille jugé trop large pour atteindre l’excellence sur chacune d’elles. Une réflexion de simplification pourrait émerger, afin de :

  • Alléger la gestion des plateformes et partager un maximum de composants.
  • Réorienter les investissements marketing vers les plus rentables.
  • Consolider les partenariats stratégiques (notamment dans l’électrique), où la concurrence asiatique se montre plus agile.

Dans un marché en pleine mutation — entre transition énergétique et nouvelles attentes des consommateurs —, la capacité de Stellantis à faire évoluer son organisation et son portefeuille sera déterminante pour renouer avec la croissance.

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