Contexte : un parc auto Euro 5 sous pression

Introduits entre 2009 et 2011, les véhicules diesel répondant à la norme Euro 5 constituent encore près de 20 % du parc automobile italien. Ces voitures, âgées de 10 à 14 ans, roulent quotidiennement dans les centres urbains comme dans les zones périurbaines. Les nouvelles directives européennes du Green Deal visent à interdire progressivement les polluants émis par ces motorisations, ciblant notamment les particules fines (PM) et les oxydes d’azote (NOx). De nombreuses municipalités envisagent de bannir l’accès aux Euro 5 dans les Zones à Faibles Émissions (ZFE), renforçant les restrictions déjà appliquées aux voitures plus anciennes.

Salvini dénonce une « folie économique »

Lors d’un rassemblement organisé à Rome, Matteo Salvini a pris la parole pour annoncer un amendement au projet de loi « Infrastructures et Mobilités ». Ce dernier propose de suspendre temporairement l’application des interdictions pour les véhicules diesel Euro 5. Selon Salvini :

  • Le Green Deal européen « avantagerait les lobbies de l’électrique au détriment de l’industrie européenne ».
  • Obliger des millions d’Italiens à immobiliser leur voiture serait « une folie économique et sociale ».
  • Les ménages modestes ne pourraient pas financer l’achat immédiat d’un véhicule neuf, creusant les inégalités.
  • Il qualifie ces mesures de « fesserie économique-industriale », soulignant que la voiture diesel, si elle est correctement entretenue, reste un moyen de transport fiable et peu coûteux pour des régions peu desservies par le transport en commun.

    Impact direct sur les conducteurs et les collectivités

    Pour de nombreux automobilistes, l’interdiction des Euro 5 se traduit par un casse-tête financier : remplacer un diesel datant de 2009–2011 par un modèle électrique ou hybride exige un budget de 20 000 à 30 000 €, sans compter les frais d’installation de la borne de recharge. Dans les petites villes et villages d’Occitanie ou du Littoral ligurien, l’offre de transports publics reste limitée :

  • Moins de gares et de lignes de bus, obligeant à recourir à la voiture pour le travail et les activités quotidiennes.
  • Assistance sociale insuffisante pour accompagner financièrement le remplacement du véhicule.
  • Pénurie de bornes rapides sur les axes secondaires, compliquant les trajets intercommunaux.
  • Ces restrictions pèsent lourd sur les budgets familiaux et sur la mobilité des seniors ou des travailleurs précaires, parfois contraints d’abandonner leur emploi faute de solution alternative.

    Les défis d’une transition « juste »

    La nécessité de réduire les émissions polluantes n’est pas contestée, mais la méthode soulève débat. Comment garantir une transition écologique sans laisser une partie de la population sur le bas-côté ? Plusieurs pistes émergent :

  • Mise en place de fonds de soutien étatiques et régionaux pour l’aide à l’achat de véhicules propres ou à faibles émissions.
  • Investissements massifs dans l’infrastructure de recharge, incluant les zones rurales et les sites industriels.
  • Développement de solutions de transport partagé (autopartage, covoiturage) pour diminuer le besoin individuel de posséder un véhicule.
  • Plans de conversion progressive, avec des étapes claires et des délais étendus pour absorber les coûts de renouvellement.
  • Électrification et alternatives technologiques

    Face à ces contraintes, l’industrie automobile propose diverses solutions :

  • Les micro-hybrides et hybrides légers (MHEV) qui conservent le diesel tout en réduisant significativement les NOx et les particules.
  • Les véhicules électriques à batterie (BEV), dont le coût d’usage est réduit par rapport au thermique, mais nécessitant une montée en puissance des infrastructures de recharge.
  • Les modèles rechargeables hybrides (PHEV), conciliant autonomie thermique et passages ponctuels en tout électrique pour le périurbain.
  • Le bio-diesel de deuxième génération, issu de déchets agricoles, qui peut être injecté dans les moteurs Euro 5 sans modification majeure.
  • Vers un équilibre entre environnement et accessibilité

    La proposition de Matteo Salvini cristallise la tension entre la volonté de protection de l’air et la réalité économique des automobilistes. En Occitanie, où le réseau ferroviaire peine à couvrir l’ensemble du territoire et où la voiture reste indispensable, un équilibre doit être trouvé. Les décideurs européens et nationaux sont confrontés à une double exigence : respecter les objectifs climatiques tout en préservant le pouvoir d’achat et la liberté de mouvement des citoyens.

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