Une NSX-R à 825 000 € qui fait mentir tous les préjugés

Vendue aux enchères ce week-end sur les rives du lac de Côme, cette Honda NSX-R de 2002 a atteint la somme record de 825 000 €. Un tarif qui dépasse largement celui de nombreuses Ferrari d’époque et balaie l’idée reçue selon laquelle les sportives japonaises seraient “bon marché de seconde main”. Grâce à son édition limitée et à son statut de modèle JDM (Japanese Domestic Market), cette NSX-R conforte sa place parmi les icônes les plus prisées des collectionneurs.

La genèse de la seconde génération NSX-R (NA2)

Introduite en 2002, la NSX-R NA2 est la deuxième mouture de la mythique NSX-R, pensée exclusivement pour le marché japonais. L’objectif est clair : transformer la NSX coupé en une véritable arme de piste, à la fois légère et rigide. Honda reprend le cahier des charges de la version de 1992, mais pousse plus loin les limites de l’allègement :

  • Châssis de la NSX originale, réputé pour sa torsion minimale ;
  • Carrosserie et éléments externes en fibre de carbone : large aileron arrière, capot avant ventilé et même couvercle de coffre monobloc en carbone, un record de taille pour l’époque ;
  • Suppression de l’essentiel du confort : système audio, isolation phonique, climatisation et servodirection cèdent la place à la légèreté.

Le résultat est une perte de masse de près de 100 kg, faisant chuter le poids de la sportive à 1 270 kg à vide. Une prouesse qui se traduit par une maniabilité et des relances hors du commun.

Un V6 VTEC méticuleusement préparé

Sous le capot, la NSX-R conserve le V6 3,2 L DOHC VTEC, mais reçoit un traitement digne des motorisations racing :

  • Assemblage manuel par un technicien spécialisé, utilisant des pièces sélectionnées ;
  • Pistons, chemises et vilebrequin équilibrés à des tolérances dix fois plus strictes que sur une NSX standard ;
  • Puissance officielle de 290 ch (220 kW), mais des performances sur piste qui la placent au niveau d’une Ferrari 360 Challenge Stradale.

Le témoignage le plus parlant reste le chrono sur la Nordschleife : en 7 min 56 s, la NSX-R NA2 égale les temps de nombreuses sportives européennes de la même époque, tout en s’appuyant sur un déficit de puissance d’une centaine de chevaux.

Une cote de marché en pleine explosion

À 825 000 €, cette NSX-R noire immatriculée sur moins de 16 000 km cumule plusieurs atouts :

  • Peinture “Championship White”, couleur d’origine emblématique des Type R Honda ;
  • Jantes BBS assorties, soulignant l’allure racée du coupé ;
  • Intérieur recouvert d’Alcantara rouge, clin d’œil aux habitacles dépouillés des versions orientées performance.

À titre de comparaison, une NSX NA2 standard, sans l’appellation “R”, se négocie autour de 100 000 € en bon état. L’écart témoigne de la rareté (moins de 140 exemplaires produits) et de la désirabilité croissante des modèles JDM auprès des collectionneurs occidentaux.

Précautions pour les futurs acquéreurs et conseils d’entretien

L’achat d’un tel bolide exige quelques considérations techniques :

  • Historique complet : vérifier les carnets d’entretien, les factures d’opérations mécaniques et le kilométrage justifié par les contrôles techniques ;
  • Sourcing des pièces : privilégier des fournisseurs spécialisés en Honda NSX ou importer directement du Japon des composants d’origine pour garantir l’authenticité ;
  • Entretien régulier : réaliser un contrôle semestriel des trains roulants, des amortisseurs spécifiques et de la rigidité du châssis, particulièrement sollicité en usage sportif ;
  • Assurance collection : opter pour une formule garantissant la valeur réelle du véhicule, en intégrant les frais de restauration potentiels.

En matière de conduite, la NSX-R demande un pilotage précis : boîte manuelle six rapports, comportement en transfert de masse extrêmement compact, et direction sans assistance qui impose un retour d’informations franc mais exigeant.

Un phénomène durable ou un pic spéculatif ?

Si la flambée des prix des voitures japonaises JDM se confirme, plusieurs facteurs soutiennent cette tendance :

  • La démocratisation des enchères en ligne, élargissant le cercle des collectionneurs ;
  • La nostalgie des années 2000, marquées par l’avènement des supercars nippones ;
  • L’intérêt croissant pour des modèles offrant une expérience de conduite pure, à l’opposé des sportives aseptisées d’aujourd’hui.

Pour les passionnés du Sud et au-delà, la Honda NSX-R NA2 se positionne désormais à la croisée de la performance historique et de l’investissement patrimonial. Un duo gagnant qui pourrait bien perdurer dans les décennies à venir.

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