Peugeot 607 : la grande berline française qui a marqué les années 2000

La Peugeot 607 occupe une place singulière dans l’histoire récente du constructeur français. Lancée à la fin des années 1990 et produite de 2000 à 2010, elle avait pour ambition de représenter le haut de gamme “à la française” : confort, finition soignée, motorisations avancées et technologies embarquées. Pourtant, si la 607 a démontré de vraies qualités techniques et une identité stylistique affirmée, son succès commercial est resté mesuré. Revenons sur les éléments qui ont fait sa force — et ceux qui ont freiné sa carrière.

Genèse et positionnement : une remplaçante ambitieuse

Présentée au salon de Francfort en 1999, la 607 a été pensée pour succéder à la 605 et viser la concurrence européenne des grandes berlines. Construite initialement à Sochaux, puis transférée à Rennes en 2009, son développement a représenté un investissement conséquent. Sur le plan stylistique, la 607 s’inspire du concept Nautilus de 1997 et bénéficie d’une ligne élégante, moderne et aérodynamique — signatures d’un design voulu plus consensuel et raffiné que celui de ses prédécesseures.

Châssis et comportement : une base technique soignée

Techniquement, la 607 repose sur une architecture robuste : train avant à double demi-MacPherson avec barre stabilisatrice dissociée et train arrière à doubles bras transversaux divergents. Les versions V6 ont reçu un système d’amortissement réglé roue par roue, ce qui améliore nettement le confort et la tenue de route. Le freinage était assuré par des composants de qualité (disques Brembo sur certaines finitions), contribuant à une impression de sérieux et de maîtrise sur la route.

Ces choix techniques faisaient de la 607 une voiture confortable et stable, capable de longues distances avec un bon maintien des occupants. Sa banquette arrière spacieuse et son coffre généreux (481 litres) en faisaient une berline pratique, agréable pour les voyages en famille ou les trajets professionnels.

Motorisations : du 4-cylindres aux V6, une palette complète

À son lancement, la 607 proposait des moteurs essence (2.2 16V de 160 ch, V6 3.0 de 207 ch) et diesel (2.2 HDi de 136 ch). Peugeot n’a pas tardé à enrichir l’offre : le restylage de 2004 a introduit notamment le V6 Bi-Turbo HDi, un six cylindres diesel puissant et technologiquement avancé, couplé à une boîte automatique 6 rapports. Ce moteur a corrigé une faiblesse initiale de la gamme — l’absence de diesel très performant — et a renforcé la crédibilité de la 607 face à ses concurrentes allemandes.

Autre avancée notable : l’adoption précoce du filtre à particules (FAP) de série, une innovation qui, à l’époque, plaçait Peugeot en tête sur la maîtrise des émissions diesel.

Intérieur et équipement : confort et ergonomie

Les matériaux et la présentation intérieure ont été travaillés pour offrir une atmosphère cossue. Tableau de bord aux cinq instruments circulaires, selleries de qualité (options cuir), et équipements de série généreux — ABS, airbags multiples, ESP, climatisation automatique, autoradio CD — participaient à l’image d’un véhicule bien équipé dès les versions de base. Parmi les options haut de gamme, la sellerie Hermès et les aménagements spécifiques de la 607 Paladine restent dans les mémoires tant ils incarnent le luxe à la française.

La Paladine : la 607 en mode présidentiel

La 607 a même connu une version très particulière : la Paladine, transformée en landaulet par Heuliez et choisie par le président Nicolas Sarkozy pour certaines cérémonies. Avec une sellerie Hermès, un toit vitré coulissant pour la partie arrière et un intérieur extrêmement luxueux, la Paladine a marqué les esprits. Cette déclinaison symbolique souligne que la 607 a aussi servi d’étendard du savoir-faire industriel et artisanal français, même si ce modèle n’a pas eu d’impact sur les volumes de vente.

Points faibles et raisons d’un succès commercial limité

Malgré ses qualités, la 607 a souffert de plusieurs handicaps relatifs : une image moins dynamique que certaines concurrentes allemandes, un positionnement tarifaire parfois délicat, et surtout un marché de la grande berline en déclin. Les ventes des berlines traditionnelles reculaient face à la montée des segments SUV et crossover. Par ailleurs, si la qualité de fabrication était en progrès par rapport à la 605, cela n’a pas suffi à renverser la tendance structurelle du marché.

Héritage et postérité

La production de la 607 s’est arrêtée en 2010, avec un peu moins de 170 000 unités produites. Elle a été remplacée dans la gamme par la Peugeot 508, qui a opté pour une stratégie différente : une silhouette plus compacte, une offre technologique accrue et une volonté de s’adapter aux nouvelles attentes des clients. La 607, quant à elle, reste un exemple d’équilibre technique et de confort, apprécié par ceux qui recherchent une grande berline routière au tempérament discret et efficace.

Que retenir pour l’acheteur d’occasion ?

  • Favoriser les versions équipées du V6 HDi si vous recherchez le couple et la capacité routière.
  • Contrôler l’entretien du FAP et de la chaîne/accessoires sur les moteurs HDi pour éviter des réparations coûteuses.
  • Privilégier les véhicules avec historique d’entretien complet et factures, gage d’une utilisation suivie et correcte.
  • Vérifier l’état des trains roulants et de l’amortissement, surtout sur les modèles à grand kilométrage.
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