Stellantis et l’ambition d’un moteur compact et économique

Le projet PureTech lancé par Stellantis (ex-PSA) visait à proposer des moteurs trois cylindres de petite cylindrée, alliant performances dynamiques et consommation maîtrisée. Déclinés essentiellement en version 1.2 l, ces blocs équipent des best-sellers comme la Peugeot 208, la Citroën C3 ou encore l’Opel Mokka produits entre 2013 et 2022. Malheureusement, ce pari technologique s’est transformé en fiasco industriel, laissant sur la route près de 3 millions de véhicules concernés.

La cinghia de distribution à bain d’huile : genèse d’un dysfonctionnement

Le point de départ du problème réside dans l’architecture même du moteur PureTech 1.2. Pour réduire bruit et frottements, Stellantis a choisi d’immerger la courroie de distribution dans l’huile moteur. En théorie, cette solution améliore la longévité de la courroie et limite l’entretien. Dans la pratique, la dilution rapide de l’huile par des micro-fuites de carburant dégrade prématurément la bande de caoutchouc :

  • Entraînement de particules de carburant jusque dans le carter, abaissant la viscosité de l’huile.
  • Gonflement et ramollissement de la courroie, provoquant craquelures et effilochage.
  • Risque de rupture de la distribution, situation catastrophique pouvant entraîner la casse du moteur.

Stellantis a tenté de corriger le tir en 2022 avec une courroie renforcée, mais la dilution carburant/huile persiste et continue d’affecter l’intégrité du système.

Consommation d’huile anormale et incidence sur l’entretien

Autre symptôme majeur, le niveau d’huile chute de manière anormale : certains propriétaires notent jusqu’à 1 litre d’huile absorbé pour 1 000 km parcourus. Cette déperdition impacte directement :

  • La fréquence des vidanges : parfois nécessaires tous les 5 000 km au lieu des 15 000 km habituels.
  • Le remplacement anticipé de composants sensibles comme les bougies et le catalyseur, exposés à une lubrification imparfaite.
  • Une surconsommation de carburant liée au frottement excessif en l’absence de lubrification optimale.

Turbocompresseur : une pièce fragile en milieu urbain

Le PureTech 1.2 est équipé d’un turbocompresseur pour compenser sa petite cylindrée et fournir un couple digne des moteurs plus gros. Toutefois, en usage urbain, où les phases de charge et de décharge se succèdent rapidement, le turbo devient vulnérable :

  • L’accumulation de dépôts d’huile et de suies sur la roue de turbine gène la rotation et accroît les vibrations.
  • Les températures élevées et les allumages répétés provoquent des micro-fissures dans le carter, entraînant des fuites.
  • Un turbo défaillant entraîne une perte de puissance, des fumées à l’échappement et, in fine, un remplacement onéreux.

Programme de compensation en demi-teinte

Face à la vague de plaintes, Stellantis a mis en place un plan de réparation et de dédommagement en France et en Espagne. Les points clés de ce programme sont :

  • Remplacement gratuit de la courroie de distribution par une version améliorée.
  • Prise en charge partielle ou totale du turbo en cas de défaillance prématurée.
  • Plaintes examinées au cas par cas, avec un processus de rembourssements souvent jugé long et complexe par les clients.

Cependant, malgré ces mesures, la confiance des automobilistes reste érodée. De nombreux usagers signalent que les récents composants ne règlent pas définitivement le problème de dilution huile/carburant.

Points de vigilance pour l’achat d’un véhicule d’occasion

  • Vérifier scrupuleusement le carnet d’entretien :

    Assurez-vous que la courroie de distribution a été remplacée après 2022 par la version renforcée.

  • Contrôler le niveau d’huile et l’historique des vidanges :

    Un suivi rigoureux des niveaux et des dates de vidange permet d’anticiper la consommation excessive.

  • Inspecter l’état du turbocompresseur :

    Écoutez les sifflements anormaux au démarrage et en montée en régime, signes de corrosion interne.

  • Privilégier les trajets mixtes :

    Évitez les usages exclusivement urbains qui accélèrent l’usure du turbo et la dilution de l’huile.

En définitive, si ces moteurs ont révolutionné la gamme Stellantis par leur compacité et leur rendement, leur fiabilité laisse aujourd’hui à désirer. Pour l’automobiliste régional et au-delà, la prudence est donc de mise avant de céder aux sirènes du petit trois-cylindres, sous peine de voir son budget entretien s’envoler.

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