Un « non-musée » pour replonger dans 125 ans d’histoire Renault

Renault n’a jamais disposé d’un véritable lieu de mémoire pour rassembler ses quelque 600 véhicules historiques, qu’il s’agisse de prototypes, de monoplaces de Formule 1, de bolides de rallye ou de modèles de série emblématiques. Le constructeur corrige aujourd’hui cet oubli en transformant l’ancien site de production de la R5 à Flins, à une quarantaine de kilomètres de Paris, en un « centre d’exposition » interactif prévu pour 2027. Exit le concept poussiéreux du musée traditionnel : ici, l’expérience devient active, immersive et résolument moderne.

Flins : l’usine Renault réinventée

L’usine de Flins a marqué toute une génération de mécaniciens et d’ingénieurs. C’est là qu’ont vu le jour la Renault 4, la Dauphine, la R5 et la Zoe. Le nouvel équipement s’érige à la lisière de cette ancienne chaîne de montage, dans un bâtiment conçu par l’architecte Jacob Celnikier. Sa silhouette évoque une gigantesque échelle : six parallélépipèdes imbriqués, de plus en plus spacieux du bas vers le haut, recouverts de surfaces vitrées et lumineuses plutôt que de façades opaques. Un code visuel qui invite naturellement à la découverte.

Une scénographie sur cinq niveaux

Au cœur du projet se trouve un système de rayonnages architecturaux sur cinq étages, conçu pour exposer simultanément :

  • Les victoires de Formule 1 : monoplaces ayant marqué les grandes heures du losange.
  • Les triomphes en endurance : modèles ayant brillé à Le Mans et à Daytona.
  • Les icônes de la route : Renault 4, R5, Twingo et Zoe dans leurs teintes d’origine.
  • Les créations artistiques : Renault 5 « Art Cars » revisitées par des plasticiens.
  • Les curiosités techniques : l’Espace F1 de 1995 développé avec Williams.

Plus de 50 % des véhicules resteront en état de marche, prêts à bouger pour des démonstrations ou des événements spéciaux.

L’art au cœur du parcours

Renault ne se contente pas de présenter ses autos : le Fonds Renault, créé en 1930, cohabite avec la collection automobile. Les visiteurs découvriront :

  • Des tirages de Robert Doisneau, reflet de la France ouvrière.
  • Une installation d’Arman (1967) réalisée à partir d’une carrosserie de Renault 4.
  • Une série graphique d’Erró inspirée par la Renault 5.
  • Des œuvres cinétiques de Victor Vasarely et des pièces d’Art Brut signées Jean Dubuffet.

En marge de ces galeries, un ancien hall de 3 200 m², autrefois dédié à la peinture des carrosseries, sera transformé en plateau de street art. Les créateurs urbains pourront peindre, réinterpréter et réutiliser les structures industrielles pour créer de nouvelles œuvres.

Interactions et numérique

La scénographie a été pensée pour favoriser la participation du public : bornes tactiles, apps de réalité augmentée et quizz géolocalisés permettront de plonger dans les détails techniques et historiques de chaque véhicule. Les jeunes générations, habituées aux expériences virtuelles, trouveront ainsi un terrain de jeu culturel, loin du simple regard passif.

Atelier ouvert : la restauration en direct

Sous le même toit, six techniciens et apprentis mécaniciens œuvrent dans un atelier de restauration. Ouvert aux visiteurs, il permet d’observer les gestes précis nécessaires à la remise en état des voitures anciennes : démontage, soudure, réglage moteur et finitions. Ce workshop vivifiant assure le transfert des savoir-faire entre générations et fait du lieu un véritable centre de formation.

Une vente aux enchères pour enrichir la collection

Renault a annoncé qu’en décembre 2025, ses « doublons » seraient mis en vente aux enchères. Les fonds récoltés serviront à acquérir et restaurer les modèles manquants, garantissant une collection la plus exhaustive possible. Ce mécanisme permet d’autofinancer le projet et de toucher des collectionneurs privés, tout en assurant la pérennité du patrimoine.

Le pari touristique et culturel

Jean-Dominique Senard, président du directoire, ambitionne de faire de ce centre un lieu incontournable autour de Paris. Associant patrimoine industriel, art contemporain et haute technologie, ce « non-musée » promet d’attirer familles, passionnés et curieux. Avec des animations temporaires et des démonstrations de voitures en mouvement, chaque visite sera unique.

Une immersion ludique et éducative

Au-delà des expositions, des ateliers pédagogiques (programmation de boîtiers télématiques, initiation au design automobile) et des conférences ponctueront la vie du centre. Le parcours s’adresse aussi bien aux collectionneurs qu’aux novices, grâce à un langage clair et des animations modulables selon l’âge et le niveau de connaissance.

Vers une redécouverte du mythe Renault

En mêlant art, interactivité et mécanique, Renault réinvente la manière de célébrer son histoire. À Flins, la marque ouvre les portes d’un lieu où l’on vit l’automobile de l’intérieur, où chaque courbe de carrosserie raconte une aventure humaine et technologique. Pour les passionnés d’Occitanie et d’ailleurs, c’est l’assurance d’une escapade riche en émotions et en enseignements.

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