Un plan pragmatique pour relancer l’industrie italienne

Lors de l’Automotive Dealer Day de Vérone, Jean-Philippe Imparato, directeur opérationnel Europe de Stellantis, a levé le voile sur le « Piano Italia », une feuille de route destinée à redynamiser les usines italiennes du groupe. Face à une adoption plus lente que prévu des véhicules 100 % électriques en Europe, le constructeur choisit une stratégie équilibrée alliant production locale, motorisations hybrides et introduction progressive de l’électrique.

Les chiffres clés : coûts, capacités et priorités

  • Coût de production en Italie : jusqu’à 3 fois plus élevé qu’en Espagne et 4 fois comparé à l’Allemagne, en raison du coût du travail et des normes européennes strictes (sécurité, crash tests, ADAS).
  • Charge des réglementations : 2 000 à 3 000 € ajoutés au prix unitaire pour respecter les exigences sur les aides à la conduite et la sécurité.
  • Objectif de part de marché électrique : 20 % d’ici 2025–2027, contre 17 % actuellement.
  • Campagne de relance du parc : rottamazione continentale et incitations ciblées pour l’achat de modèles hybrides et plug-in.

En abordant ces défis coûteux, Stellantis entend maintenir la compétitivité de ses usines tout en répondant aux attentes d’une clientèle encore hésitante face à une transition trop rapide vers le tout-électrique.

Mirafiori et Pomigliano : les deux piliers du « Piano Italia »

Deux sites de production importants sont concernés :

  • Mirafiori (Turin) : relance de la fabrication de la Fiat 500 en version hybride, à hauteur de 130 000 unités par an. L’usine devra adapter ses lignes de montage et former ses équipes à la technologie 48 V mild hybrid.
  • Pomigliano d’Arco (Campanie) : accueil d’un nouveau modèle compact et lancement de la génération 2029 de la Panda, la « Pandina ». Cet investissement permettra de consolider la filière locale et de créer des emplois hautement qualifiés.

Ces deux sites bénéficieront de fonds dédiés pour moderniser leurs ateliers, mettre à niveau les process de production et installer de nouvelles chaînes dédiées aux motorisations hybrides.

Hybridation et électrification : une transition en douceur

Plutôt que de tout miser sur le 100 % électrique, Stellantis diversifie son portefeuille :

  • Mild hybrid 48 V : motorisation essence 1.2 L développant environ 100–145 ch, pour réduire consommation et émissions dans un segment urbain et périurbain.
  • Plug-in hybrid (PHEV) : jusqu’à 50 km d’autonomie en mode électrique, idéal pour les trajets domicile-travail et les balades en cœur de ville sans utiliser le moteur thermique.
  • Objectif de mix énergétique : atteindre 20 % de vente de modèles rechargeables d’ici deux à trois ans, tout en continuant à proposer des versions thermiques pour les régions moins équipées en bornes.

Ce positionnement permet aux conducteurs, notamment ceux de notre région Occitanie où l’infrastructure de recharge progresse progressivement, de s’adapter à leur rythme et de réduire leur empreinte carbone sans craindre la panne sèche.

14 nouveaux modèles d’ici 2025 : un calendrier ambitieux

Pour soutenir cette transition, Stellantis prévoit le lancement de 14 nouveautés entre la seconde moitié de 2024 et début 2025, avec une majorité de déclinaisons hybrides :

  • Renouveau de la Fiat 500 hybride pour conquérir les citadins.
  • Compactes polyvalentes à motorisation 48 V, ciblant les familles en quête d’économie de carburant.
  • Véhicules utilitaires légers hybrides pour les professions libérales et les artisans.
  • Maserati : stratégies spécifiques pour renforcer le positionnement premium et proposer des motorisations hybrides haute performance.

Ce déploiement intensif nécessite une coordination étroite entre les bureaux d’études, les lignes de production italiennes et les réseaux de concessionnaires, pour garantir disponibilité et adéquation avec la demande locale.

Stratégie de « rottamazione » et renouvellement du parc

Pour accélérer le taux de renouvellement du parc, Stellantis propose :

  • Une campagne européenne de prime à la casse, destinée aux véhicules de plus de 10 ans.
  • Incentives financiers pour l’achat de modèles hybrides et plug-in, avec des bonus cumulables selon les régions.
  • Partenariats avec les collectivités pour installer des bornes et simplifier l’accès à la recharge rapide.

En Occitanie, où le vieillissement du parc est sensible dans les zones rurales, ces mesures pourront favoriser l’achat de voitures plus sûres, mieux équipées et moins polluantes, tout en soutenant le secteur automobile local.

Défis à venir et engagement de Stellantis

Malgré les coûts de production élevés, Stellantis ne renonce pas à ses ambitions :

  • Réduction progressive de l’écart de prix des batteries par rapport aux concurrents chinois.
  • Maintien d’un réseau de concessionnaires solide, essentiel pour l’après-vente et la fidélisation des clients.
  • Investissements dans la formation des salariés, afin d’acquérir les compétences requises pour les nouvelles technologies.

Jean-Philippe Imparato déclare : « Je refuse de croire que la bataille est perdue face aux chinois ». Ce pragmatisme, couplé à une volonté d’innovation, devrait permettre à l’industrie italienne de rester compétitive sur la scène européenne et mondiale.

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