L’automobile, ce « smartphone sur roues »
À l’ère du numérique, nos voitures ressemblent de plus en plus à des plateformes connectées plutôt qu’à de simples moyens de locomotion. Luca De Meo, le PDG de Renault, résume cette évolution en parlant de l’auto comme d’un « smartphone sur roues ». Cette métaphore reflète l’intégration croissante de composants électroniques, de capteurs et de logiciels dans chaque véhicule, transformant l’expérience utilisateur et ouvrant la voie à des services jusqu’alors impensables en mobilité.
Des délais de développement réduits de moitié
Traditionnellement, concevoir une nouvelle voiture prenait entre quatre et cinq ans, du dessin du premier croquis jusqu’à la chaîne d’assemblage. Aujourd’hui, Renault affiche des délais spectaculaires :
- Temps moyen de développement : inférieur à 24 mois contre 48–60 mois auparavant.
- Inspirations du modèle chinois : adoption de processus lean et flexibles pour accélérer les boucles de validation.
- Itérations rapides de prototypes numériques et physiques pour affiner design et ingénierie en temps réel.
Cette « industrialisation agile » permet de répondre presque aussi rapidement que les géants de l’électronique grand public aux attentes de mises à jour fonctionnelles et esthétiques.
Les mises à jour OTA : le véhicule toujours à jour
Les automobilistes d’aujourd’hui ont pris l’habitude des mises à jour logicielles en un clic sur leurs appareils mobiles. Renault propose désormais des mises à jour OTA (over-the-air) pour ses véhicules :
- Installation à distance du dernier firmware de l’infodivertissement, du GPS ou de l’assistant vocal.
- Possibilité de corriger des anomalies sans se rendre en concession.
- Ajout de nouvelles fonctionnalités, comme des modes de conduite ou des réglages de suspension, en fonction des retours clients.
Cette approche réduit le besoin de rappels et renforce la satisfaction des conducteurs, qui bénéficient d’améliorations continues sans délai.
La Renault 5 : 10 heures chrono à Douai
L’exemple le plus frappant de cette révolution industrielle est la nouvelle Renault 5 entièrement électrique. Assemblée dans l’usine de Douai, elle nécessite seulement 10 heures de travail humain et machine pour prendre forme :
- Réduction de 40 % des coûts de production grâce à une chaîne modulaire et robotisée.
- Flux logistiques optimisés avec une plateforme « Just-In-Time » inspirée des usines asiatiques.
- Contrôles qualité intégrés en continu via capteurs IoT, limitant les temps morts de vérification manuelle.
Ce procédé inédit démontre qu’une voiture électrique, tout en conservant un positionnement tarifaire accessible, peut être fabriquée de manière ultra-efficace et à forte échelle.
Une stratégie 100 % électrique assumée
Renault a choisi de focaliser son offre sur des véhicules « nativement » électriques, sans décliner chaque modèle en version hybride :
- Identité claire : des gammes conçues dès l’origine pour la batterie, optimisant le packaging et la répartition des masses.
- Évitement des compromis : pas de dilution des performances liées au moteur thermique et à l’électrique dans un même châssis.
- Positionnement de leader : s’affirmer comme un acteur 100 % électrique renforce la crédibilité auprès des clients et des investisseurs.
Cette option démontre aussi la confiance de Renault en la maturité des infrastructures de recharge et en la capacité d’acceptation du marché pour des voitures zéro émission.
Le futur sur rails : la Twingo électrique en 2026
Autre exemple du nouveau rythme de Renault : la Twingo électrique, dont le développement s’est achevé en moins de deux ans. Lancement prévu en 2026, avec :
- Une plateforme dédiée aux petites citadines, offrant un empattement raccourci pour une meilleure maniabilité.
- Un pack batterie modulaire, adaptable en fonction de l’usage urbain ou périurbain.
- Une connectivité poussée, incluant les services cloud Renault et la compatibilité avec les réseaux de recharge européens.
Cette citadine prouve qu’il est possible de réinventer rapidement un best-seller historique en véhicule propre, tout en conservant son ADN ludique et compact.
Un paysage concurrentiel en mutation
Face à l’expansion de géants comme BYD, l’approche de Renault s’appuie sur trois piliers :
- Efficacité industrielle : mise en place de lignes flexibles capables d’alterner production thermique et électrique selon la demande.
- Réduction des coûts : mutualisation des composants et économie d’échelle sur les batteries et l’électronique.
- Innovation continue : intégration de nouvelles technologies de recyclage de batteries et déploiement de services numériques pour fidéliser la clientèle.
Cette stratégie vise à maintenir la compétitivité de la voiture européenne, en alignant qualité perçue, prix de vente et rapidité d’adaptation aux tendances mondiales.