samedi 14 juin 2025

Un pas de géant vers le motorsport à hydrogène

Sur le mythique tracé de la Sarthe, Toyota a dévoilé sa GR LH2 Racing Concept, prototype de compétition alimenté à l’hydrogène liquide. Véritable évolution de la GR 010 Hybrid qui a brillé en WEC, cette nouvelle hypercar repousse les limites du sport automobile en combinant performances et zéro émission. Ce lancement, coïncidant avec les 40 ans de Toyota en course au Mans, illustre la volonté de la marque de placer l’hydrogène au cœur de sa stratégie future.

Du concept hybride à la propulsion H2

Inspirée de la plateforme GR 010, la GR LH2 intègre un moteur thermique fonctionnant à l’hydrogène liquide, couplé à un module hybride électrique. L’association de ces deux sources d’énergie permet de générer une puissance cumulée estimée à 650 kW tout en réduisant drastiquement l’empreinte carbone. À l’inverse d’une hypercar classique, le CO₂ issu de la combustion de l’hydrogène se limite essentiellement à de la vapeur d’eau.

Architecture technique et performance

  • Châssis monocoque en fibre de carbone : rigidité accrue et légèreté, pour un rapport poids/puissance favorable.
  • Système propulsif : bloc H2 associé à une batterie de 60 kWh, fournissant un couple instantané supérieur à 1 200 Nm.
  • Dimensions : 5 100 mm de long pour 2 050 mm de large, gage d’une stabilité à haute vitesse.
  • Suspensions : combinées push-rod avant et arrière, calibrées pour absorber les chocs tout en conservant un appui optimal en virage.

Grâce à ce « powertrain », la GR LH2 affiche des accélérations de l’ordre de 0 à 200 km/h en moins de 10 secondes, confirmant son statut d’hypercarré futuriste.

Design aérodynamique et livrée signature

Vêtue d’un noir mat qui met en valeur le logo GR, la carrosserie adopte des courbes sculptées et des prises d’air intégrées, optimisant la pénétration dans l’air. Les larges ailerons arrière, réglables en vol, et le diffuseur à géométrie variable garantissent une charge verticale importante sur l’axe arrière, indispensable pour encaisser les appuis jusqu’à 300 km/h.

L’hydrogène liquide, un atout énergétique

Contrairement à l’hydrogène gazeux, le format liquide offre une densité énergétique volumétrique plus élevée et un remplissage plus rapide. Dans le réservoir cryogénique, l’H₂ est maintenu à – 253 °C, assurant un stockage compact et une autonomie théorique supérieure à 700 km en cycle endurance. Cette technologie réduit le poids des réservoirs et simplifie la chaîne logistique des ravitaillements.

Une nouvelle classe H2 pour la course

En partenariat avec l’Automobile Club de l’Ouest, Toyota milite pour la création d’une catégorie « H2 » dès 2026. Les tests sur piste incluront des séances au Castellet et à Lédenon, terrains d’essais idéaux pour valider la fiabilité du système hydrogène et affiner la gestion thermique. Les données récoltées seront cruciales pour déployer un réseau de stations de ravitaillement en hydrogène liquide sur les grands circuits européens.

Vers un sport auto plus responsable

La GR LH2 prouve que hautes performances et respect de l’environnement ne s’excluent pas. En adoptant des matériaux recyclables et une propulsion zéro carbone, Toyota propose un modèle de compétition qui peut inspirer l’industrie. Les valeurs de fiabilité et d’endurance, chères aux 24 Heures du Mans, se conjuguent avec une réduction drastique des émissions polluantes.

Perspectives pour la filière et l’Occitanie

En Occitanie, berceau historique de l’industrie aéronautique et bientôt candidate à l’accueil de centres de production d’hydrogène, ce concept ouvre des opportunités. Les circuits locaux, comme celui d’Albi, pourraient devenir des laboratoires de développement pour l’hydrogène liquide. Parallèlement, l’essor des infrastructures de recharge H₂ renforcerait l’attractivité de la région pour des courses « green » et des événements de démonstration, tout en créant des emplois qualifiés dans les énergies renouvelables et la compétition automobile.