Il y a plus d’un an, Toyota annonçait une nouvelle famille de moteurs essence quatre cylindres – atmosphériques et turbocompressés – de 1,5 et 2,0 L destinés à allier efficacité et plaisir de conduite. Le bloc 2.0, baptisé “G20E” chez Gazoo Racing, a récemment fait sensation dans la concept GR Yaris M avec une implantation inédite : le moteur installé derrière l’essieu arrière délivre déjà 450 CV grâce à un turbocompresseur IHI revisité. Un exploit de taille pour une cylindrée aussi compacte, et pourtant… les ingénieurs Toyota estiment qu’il est possible d’aller encore plus loin.
Architecture et spécificités du 2.0 G20E
Le cœur de ce moteur repose sur un bloc en alliage d’aluminium allégé, dérivé de l’unité de série de 2 000 cm³. Voici ses principales caractéristiques :
- Configuration quatre cylindres en ligne, calage de distribution variable pour optimiser le rendement.
- Double injection (directe et indirecte) pour réduire les émissions et assurer une réponse instantanée à l’accélérateur.
- Turbocompresseur IHI suralimentation rapide doublé d’un wastegate électronique pour un comportement linéaire.
- Implantation arrière dans la GR Yaris M, exigeant un élargissement léger de l’empattement pour loger le système d’admission et d’échappement.
En configuration standard, ce 2.0 développe 400 CV, ce qui en fait déjà l’un des plus puissants de sa catégorie. Sur la GR Yaris M, la version optimisée atteint 450 CV et exploite la transmission intégrale à contrôle électronique propre à Gazoo Racing.
Vers les 600 CV : un objectif réalisable… avec réserve
Selon les déclarations recueillies par Auto Motor und Sport, un turbocompresseur de plus gros diamètre pourrait propulser ce bloc au-delà des 600 CV. Techniquement, la puissance serait “facilement possible” grâce à :
- Une pression de suralimentation accrue sans modifications majeures de la culasse.
- Une reprogrammation de l’ECU pour optimiser l’injection et l’allumage aux régimes élevés.
- Des renforcements mineurs sur le vilebrequin et les bielles pour supporter les contraintes supplémentaires.
Pour autant, l’application sur route ouverte buterait sur les normes de CO₂ et les réglementations anti-pollution. Toyota devra vraisemblablement limiter la cartographie moteur afin de contenir les rejets et garantir l’homologation. Dans ce cas, une puissance réaliste pour un usage routier se situerait plutôt autour de 500 CV, laissant la configuration 600 CV réservée aux voitures de piste ou aux éditions spéciales hors normes.
Record de la catégorie et comparaison
Actuellement, le record de la cylindrée 4 cylindres revient au Mercedes-AMG M139 l, qui propulse la C63 AMG à 476 CV. Juste derrière, la Mitsubishi Lancer Evolution X FQ-440 MR affichait 440 CV. Le 2.0 G20E de Toyota, même limité à 500 CV, se placerait d’emblée en tête, marquant un tournant dans la course à la puissance dans la catégorie.
Flexibilité d’utilisation et projets à venir
Gazoo Racing conçoit son nouveau moteur pour une modularité maximale. Les ingénieurs envisagent plusieurs montages :
- En position centrale arrière, comme sur la GR Yaris M, pour une répartition des masses idéale.
- En porte-à-faux avant, dans des futures déclinaisons de GR Corolla ou d’une sportive héritière de la Celica.
- Sur l’axe longitudinal pour la remplaçante de la Supra, où le couple élevé à bas régime serait particulièrement efficace.
- Sur la prochaine génération de GR86, offrant un châssis équilibré et un dynamisme accru.
Un ingénieur Toyota a même évoqué la possibilité de rendre le “G20E” hautement modifiable, à l’instar des légendaires 2JZ de Toyota Supra, ouvrant la voie à un marché aftermarket florissant.
Le thermique se réinvente
Ce projet s’inscrit dans une initiative plus large avec Mazda et Subaru, visant à prolonger l’ère du moteur à combustion. Cahier des charges commun :
- Hybridation légère : combiner ce moteur avec un système électrique pour optimiser la consommation en usage urbain.
- Carburants alternatifs : tests en cours sur hydrogène liquide, biocarburants et e-fuels pour réduire le bilan carbone.
- Optimisation des moteurs rotatifs chez Mazda et du boxer chez Subaru, garantissant la diversité des architectures thermiques.
Sur nos routes sinueuses d’Occitanie, cette renaissance du thermique promet des sensations inédites et une pérennité de l’émotion mécanique, même à l’heure de l’électrification.