Le superbollo : une surtaxe controversée sur les motorisations puissantes

En Italie, le « superbollo » désigne une surtaxe annuelle s’appliquant aux véhicules de tourisme dont la puissance excède 185 kW (soit environ 252 ch). Conçue pour faire contribuer davantage les propriétaires de voitures très haut de gamme, cette taxe était initialement promise à l’abolition entre 2023 et 2024 dans les promesses gouvernementales. Pourtant, les conducteurs n’ont jamais vu la suppression effective de cette taxe, soulevant frustration et questionnements.

Un engagement reporté faute de ressources

Malgré les annonces répétées, le dossier du superbollo a traîné en longueur. Le vice-ministre de l’Économie, Maurizio Leo, avait expliqué que la suppression « faisait partie de la délégation fiscale » mais ne pourrait être mise en œuvre que si l’on disposait des ressources nécessaires. Le manque à gagner annuel, estimé à environ 100 millions d’euros pour les finances publiques, avait alors gelé tout progrès concret.

Le revirement de Matteo Salvini à l’Automotive Dealer Day

Le 13 mai 2025, à l’occasion de l’Automotive Dealer Day à Vérone, Matteo Salvini, ministre des Transports, est revenu à la charge. Selon le centre de recherche Quintegia, il a déclaré : « En délégation fiscale, le thème du superbollo est déjà présent et pourrait être résolu avant la prochaine loi de finances. Nous étudions une solution en plusieurs étapes, jusqu’à l’élimination complète ». Cette annonce marque un tournant, laissant entrevoir une feuille de route plus pragmatique qu’auparavant.

Une suppression progressive en plusieurs phases

Salvini n’a pas détaillé les « différents steps »، mais l’idée d’une suppression progressive laisse entrevoir plusieurs options :

  • Réduction initiale du niveau de surtaxe pour certaines tranches de puissance (par exemple, le passage de 185 à 200 kW avant de relever jusqu’à 250 kW).
  • Exonération temporaire pour les véhicules acquis dans un intervalle déterminé (ex. : immatriculations entre novembre 2025 et décembre 2026).
  • Suppression 100 % pour toutes les puissances supérieures d’ici à la fin du prochain cycle budgétaire, soit avant la loi de finances 2026.

Ce phasage pourrait rassurer les automobilistes tout en lissant l’impact financier pour l’État.

L’enjeu budgétaire : comment financer la suppression ?

Le principal obstacle reste financier : le superbollo représente un manque à gagner estimé à 100 millions d’euros par an. Plusieurs pistes sont à l’étude :

  • Réduction des niches fiscales dans le secteur automobile pour compenser le déficit.
  • Rationalisation générale des taxes auto, comme le mentionne le Document de Économie et de Finances (DEF) : « réordonner les taxes automobiles dans une optique de simplification et de neutralité technologique ».
  • Recettes supplémentaires liées aux amendes de circulation ou à la vente de plaques d’immatriculation personnalisées.

Vers une simplification de la fiscalité automobile

Le DEF préconise une vision globale : évaluer « le superamento progressif de l’addizionale erariale » pour les véhicules puissants, sans nouveaux ou plus grands prélèvements sur le secteur. L’idée est de créer un système plus lisible pour les usagers, sans enchevêtrement de surtaxes et de bonus contradictoires.

La remise en question du bonus électrique

Matteo Salvini a également reconnu une « retromarcia » (recul) du gouvernement concernant les avantages accordés aux voitures de fonction 100 % électriques. La réforme du fringe benefit, qui favorisait l’électrique au détriment des moteurs thermiques, est jugée déséquilibrée : « L’auto électrique doit rester une option, pas une obligation », a-t-il insisté. Cette prise de position s’aligne sur les critiques de l’association Unrae, jugeant ces mesures contraires à la « neutralité technologique » et susceptibles de déstabiliser le marché.

Les enjeux européens et industriels

Au niveau européen, Salvini souhaite un alignement sur les décisions de Bruxelles : « Je compte sur un réexamen des modes, des délais et des objectifs du Green Deal ». Adolfo Urso, ministre des Entreprises et du Made in Italy, avait déjà critiqué la « folie idéologique » du Green Deal, accusé de mettre en péril l’industrie automobile et ses fournisseurs. L’Italie, comme d’autres nations industrielles, appelle à une stratégie plus équilibrée, conciliant transition écologique et préservation de la compétitivité.

Prochaines étapes à suivre

Les automobilistes et les professionnels du secteur restent en attente de détails concrets : calendrier précis, modalités d’application et mesures financières d’accompagnement. D’ici à la prochaine loi de finances, le gouvernement doit définir les tranches, les dates butoirs et les compensations pour éviter tout trou budgétaire. En attendant, l’annonce de Salvini relance un débat clé sur l’équité fiscale et la relance de l’industrie automobile en Italie.