Un démarrage commercial en trompe-l’œil

Au premier semestre 2025, l’Abarth 600e devait incarner la nouvelle ère sportive et électrique du Scorpion. Pourtant, avec seulement 318 exemplaires immatriculés en Europe (soit une moyenne de 53 unités par mois), ce B-SUV ultra-agressif n’a pas trouvé son public. Ce chiffre, issu de Dataforce, place la 600e bien derrière les prévisions de Stellantis et soulève de sérieuses questions sur l’appétence des clients pour cette micro-sportive électrique.

Les chiffres clés qui font mal

  • 318 voitures vendues en six mois, contre 2 867 unités du même modèle dans l’hypothèse d’un mix performant.
  • Comparaison cruelle avec la 500e Abarth : 14 immatriculations en mars 2024, soit le niveau le plus bas jamais enregistré.
  • Ensemble de la gamme Abarth au 30 juin 2025 : 1 030 immatriculations (558 500e Abarth + 154 en versions 595/695 + 318 600e).
  • Effondrement de 75 % du volume total par rapport à la même période de 2024 (4 867 immatriculations).

Un positionnement tarifaire trop ambitieux

Affiché à plus de 40 000 €, le tarif de la 600e la place en concurrence directe avec des SUV compacts premium ou des sportives hybrides. Pourtant, sa proposition technique est solide :

  • Moteur électrique délivrant 280 ch, performances de 0 à 100 km/h en moins de 6 s.
  • Differentiel autobloquant mécanique, typique du caractère Abarth.
  • Châssis renforcé, modes de conduite ajustables et freinage haute performance.

Cependant, ces arguments techniques n’ont pas suffi à compenser un ticket d’entrée perçu comme excessif pour un B-SUV électrique en Europe, où les infrastructures de recharge sont encore fragmentées.

Freins culturels et infrastructures insuffisantes

En Italie comme dans plusieurs pays européens, la transition vers l’électrique reste freinée par :

  • Une couverture encore inégale des bornes rapides, particulièrement hors des grands axes.
  • Un manque de cultures locales : le plaisir sonore et vibratoire du thermique fait toujours rêver les puristes.
  • Des coûts d’assurance et de recharge perçus comme élevés dans certaines régions.

Pour un public historiquement attaché au caractère “brut de décoffrage” d’Abarth, l’électrique n’a pas réussi à transmettre la même intensité émotionnelle qu’un V8 à l’ancienne.

Un modèle en quête d’âme

Le passage à l’électrique total mis en place par Stellantis pour Abarth a créé un décalage avec l’identité de la marque :

  • Les fans du Scorpion attendent un rugissement moteur, pas seulement une accélération linéaire.
  • Le manque de vibrations et d’odeurs d’échappement déçu les amateurs de sensations fortes.
  • Le nouveau public “écolo-sportif” est quant à lui attiré par des modèles plus polyvalents et moins extrêmes en style.

Vers une réorientation stratégique ?

Face à ce constat, des murmures de retour au moteur thermique ou à l’hybridation résonnent depuis la nomination du nouveau CEO de Stellantis, Gianluca Filosa. Plusieurs pistes sont à l’étude :

  • Revenir à un 1.4 T-Jet ou à un 1.5 Hybrid Boosterjet pour conjuguer sonorité et performances, tout en réduisant l’anxiété liée à l’autonomie.
  • Proposer une version range-extender électrique + thermique, garantissant un mix « zéro émission » en urbain et un usage prolongé sur route.
  • Réviser le positionnement tarifaire pour aligner le prix sur la concurrence B-SUV sportive hybride, dès 35 000 €.
  • Mettre l’accent sur une expérience client “track day” : offrir des sessions de pilotage pour redonner du sens à l’esprit compétition Abarth.

Quelles leçons pour les passionnés ?

Le flop de la 600e rappelle aux amateurs de belles mécaniques que l’innovation doit rester cohérente avec l’ADN d’une marque. Pour ceux qui considèrent l’achat d’une sportive électrique, voici quelques conseils :

  • Évaluez votre usage réel : autonomie, fréquence des trajets rapides et accès aux bornes de recharge doivent guider votre décision.
  • Préférez un modèle hybride si vous cherchez un compromis entre émotion thermique et sobriété énergétique.
  • Profitez des essais longue durée : passez du mode « basse consommation » au mode « Sport » pour juger des sensations.
  • Considérez l’ensemble du coût d’usage : assurance, entretien et recharge pourraient représenter une part significative de votre budget.

Abarth joue encore sa crédibilité auprès de sa communauté, et le futur de la 600e dépendra de la capacité du Scorpion à marier innovation technique et émotion authentique.