McLaren va-t-elle vraiment sauter le pas et produire son premier SUV ? Après des années de fermeté — « pas de SUV » — la firme britannique a visiblement amorcé un virage stratégique. Depuis l’arrivée de nouveaux dirigeants, les rumeurs se sont intensifiées et des informations concordantes laissent penser qu’un SUV haute performance signé McLaren pourrait débarquer d’ici la fin de la décennie. Je vous livre ici une synthèse technique et stratégique de ce qu’on sait aujourd’hui, avec un regard d’amateur éclairé qui roule souvent sur nos routes d’Occitanie.
Un projet qui n’est plus un fantasme
Il y a encore quelques saisons, l’idée d’un SUV McLaren paraissait hérétique aux puristes. Mais les réalités du marché — la demande forte sur les grosses motorisations SUV de luxe — ont poussé beaucoup de constructeurs « supercar » à décliner leur savoir-faire sur des carrosseries plus polyvalentes. McLaren, lent à la décision, semble désormais partie prenante : plusieurs revendeurs auraient récemment pu voir un modèle d’argile, six mois après l’assouplissement de la direction sur ce dossier. Le code interne évoqué est P47, une désignation peu glamour mais typique des prototypes en développement.
Style et gabarit : un SUV bas, large et musclé
D’après les images de concept et les descriptions internes, le futur SUV McLaren afficherait un gabarit supérieur à celui d’une Porsche Cayenne Turbo GT, avec des proportions larges et une silhouette plus basse que la moyenne des SUV de luxe. On parle de jantes impressionnantes (jusqu’à 24 pouces) et d’une carrosserie « sculpturale » : lignes tendues, longues nervures latérales (optimisées pour l’aérodynamique) et un toit fluide qui conserve une âme sportive. À l’arrière, McLaren jouerait la carte d’un portillon de coffre massif, feux très fins et double sortie d’échappement pour rappeler la filiation avec les modèles de route sportifs.
Motorisation : un V8 hybride proche de la hypercar ?
Les informations techniques les plus séduisantes concernent la chaîne de traction. Il est évoqué l’emploi d’un V8 biturbo 4,0 litres dérivé du moteur MHP‑8 — déjà conçu en interne — combiné à une architecture hybride. Sur la W1 hypercar, ce V8 développe des chiffres prodigieux (près de 916 ch et 900 Nm) ; couplé à un moteur électrique accolé à la boîte double embrayage à huit rapports, l’ensemble pourrait dépasser le seuil des 1 000 ch selon le degré d’électrification retenu.
Important : McLaren pourrait choisir de rester sur une transmission exclusivement aux roues arrière pour préserver sa signature dynamique, ou opter pour une transmission intégrale adaptée au SUV pour améliorer l’agilité et la traction, surtout sur modèles très puissants.
Comportement routier : comment garder l’ADN McLaren ?
Le principal défi technique sera de conserver le comportement routier « McLaren » dans un véhicule beaucoup plus lourd et volumineux qu’une sportive traditionnelle. Plusieurs leviers mécaniques seront nécessaires :
Si McLaren réussit à harmoniser ces éléments, le P47 pourrait offrir une tenue de route étonnamment proche d’une GT, tout en assurant le confort et la modularité attendus sur un SUV de prestige.
Positionnement tarifaire et concurrents
Sur le segment visé, la concurrence est rude et très haut de gamme : Porsche Cayenne Turbo E‑Hybrid, Lamborghini Urus SE, Bentley Bentayga, voire Ferrari Purosangue. Les éléments disponibles permettent des estimations :
Pour nos routes d’Occitanie, cela veut dire des bêtes de somme luxueuses dont les performances feront sourire sur les parcours sinueux des Causses, mais qui resteront surtout des pièces de plaisir et de prestige pour propriétaires fortunés.
Nom, calendrier et incertitudes
Le nom commercial reste inconnu — McLaren a enregistré plusieurs appellations (Solus, Aeron, Aonic, etc.), dont certaines pourraient être retenues. La date d’arrivée évoquée est autour de 2028, ce qui laisse quelques années de développement pour peaufiner la plateforme et la calibration des moteurs hybrides. Malgré les fuites et les prototypes d’argile montrés aux concessionnaires, rien n’est gravé dans le marbre : McLaren reste prudente et peut encore modifier ou retarder le projet selon l’évolution du marché et des réglementations.
Qu’est‑ce que cela signifie pour la marque ?
L’adoption d’un SUV serait un tournant commercial majeur pour McLaren : élargissement de la clientèle, augmentation des volumes de vente possibles et meilleure pénétration des segments de marché les plus rentables. Mais c’est aussi un risque d’identité : comment rester fidèle à l’ADN de légèreté et d’agilité alors qu’on fabrique un véhicule plus utilitaire ? La réponse tiendra à la cohérence technique et au soin apporté aux calibrages châssis/moteur. Si McLaren parvient à concevoir un SUV qui « se conduit » comme une McLaren, alors le pari sera réussi.
En attendant, pour nous autres passionnés, il reste à suivre les prochains teasers et prototypes camouflés avec attention. Sur nos routes, j’imagine déjà le jour où un P47 glissera silencieusement sur l’autoroute A61, réveillant la curiosité des motards et la convoitise des collectionneurs : un spectacle que j’irai voir de près, carnet de notes et thermos de café en main.

