Dans un contexte mondial où la transition énergétique peine à suivre le rythme espéré, Honda a décidé de réajuster son cap industriel. Annoncée le 22 mai 2025, cette révision stratégique marque une inflexion nette : l’accent est désormais mis sur les motorisations hybrides, tandis que les investissements dans les véhicules entièrement électriques sont revus à la baisse. Toutefois, l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2040 reste inscrit dans le plan de route du constructeur japonais.

    Un ralentissement de la demande pour les électriques

    La demande mondiale pour les véhicules électriques (BEV) a montré des signes de ralentissement ces derniers mois. Les ventes de modèles à batterie ne progressent plus au rythme fulgurant attendu, principalement en raison de prix élevés, d’infrastructures de recharge insuffisantes dans certaines régions, et d’une autonomie perçue encore limitée par de nombreux conducteurs. Face à ces réalités de marché, Toshihiro Mibe, PDG de Honda, a annoncé que les projections BEV pour 2030 étaient revues à la baisse : ces véhicules représenteront moins de 30 % des ventes globales, contre un objectif initial nettement supérieur.

    Les hybrides au cœur de la stratégie

    En parallèle, Honda mise sur la popularité grandissante des hybrides pour maintenir sa trajectoire de réduction des émissions de CO₂ :

    • Lancement de 13 nouveaux modèles hybrides avancés d’ici 2027, couvrant berlines, SUV et compactes.
    • Objectif de 2,2 millions d’unités hybrides vendues par an avant la fin de la décennie.
    • Amélioration de la consommation de carburant de plus de 10 % par rapport aux générations précédentes.
    • Réduction de 50 % des coûts des systèmes hybrides par rapport à 2018, grâce à l’optimisation et à la standardisation des composants.

    Cette montée en gamme des motorisations hybrides s’appuie sur des technologies éprouvées (moteurs 1.5 l Atkinson, transmission e-CVT, batterie Lithium-ion à haute densité) et vise à proposer aux conducteurs une alternative mixte, jugée moins anxiogène qu’un passage immédiat au tout électrique.

    Investissements et pragmatisme financier

    Pour financer cette réorientation, Honda a réduit son enveloppe allouée à l’électrification. Jusqu’en 2031, l’investissement global passe de 10 000 à 7 000 milliards de yens. Cette décision traduit un choix de prudence face à l’incertitude des marchés et des réglementations environnementales. Les principaux postes d’économie concernent :

    • La mise en pause de projets de filières BEV massives, notamment la construction d’usines dédiées au Canada.
    • La suspension temporaire de développements de plateformes entièrement électriques réservées aux grands marchés européens et nord-américains.
    • La concentration des efforts R&D sur l’efficacité des moteurs thermiques et hybrides, pour optimiser la chaîne de traction actuelle.

    Ce recentrage permet à Honda de conserver une flexibilité opérationnelle maximale, pour réagir rapidement aux évolutions de la législation ou aux nouvelles tendances de consommation.

    Neutralité carbone et engagements long terme

    Malgré cette inflexion, Honda confirme son objectif de neutralité carbone pour 2040. Deux axes restent prioritaires :

    • Le développement de véhicules électriques et hybrides rechargeables, pour assurer une offre multi-énergie capable de répondre aux diverses réalités régionales.
    • L’amélioration continue de l’efficacité énergétique des motorisations thermiques, afin de réduire les émissions directes et le volume des rejets lors du cycle de vie.

    L’électrification n’est donc pas abandonnée, mais son rythme est recalibré. Le constructeur évoque une montée en puissance progressive des BEV après 2030, dès que les conditions de marché et d’infrastructure le permettront.

    Impacts pour les consommateurs et le marché

    Pour les automobilistes, cette stratégie se traduit par :

    • Un renouvellement plus rapide de la gamme hybride, avec des modèles plus accessibles et moins gourmands.
    • Des prix à l’achat plus mesurés qu’avec un tout électrique, et une moindre dépendance à la disponibilité des bornes de recharge.
    • La perspective de futures évolutions techniques sur les moteurs thermiques (injection optimisée, allégement des pièces, systèmes de récupération d’énergie plus efficaces).

    Sur le marché, cette décision pourrait renforcer la position de Honda face à ses concurrents, notamment Toyota et ses modèles hybrides phares. En Occitanie, où les distances interurbaines et la couverture des infrastructures de recharge varient, la formule hybride représente souvent le meilleur compromis entre autonomie, budget et respect de l’environnement.

    Vers une chaîne de traction multi-énergie

    Honda envisage d’ici la fin de la décennie une offre diversifiée qui combine :

    • Des hybrides légers (mHEV) et complets (HEV).
    • Des hybrides rechargeables (PHEV) pour les conducteurs effectuant des trajets quotidiens limités.
    • Des BEV plus accessibles en prix dès que la technologie batterie et les infrastructures le permettront.

    Cet éventail donnera aux clients la liberté de choisir la motorisation la mieux adaptée à leurs usages, un argument de vente majeur à l’heure où la mobilité responsable s’impose comme un critère déterminant.