Ferrari 308 : retour sur l’icône qui a transformé la Dino en star pop

La Ferrari 308 n’est pas seulement une voiture : elle est devenue un symbole. Apparue dans les années 1970 pour succéder à la Dino 246, la 308 a su conjuguer style, technique et visibilité populaire — au point d’être aujourd’hui immédiatement identifiable, même pour qui ne s’y connaît pas en mécanique. Revenons sur les éléments qui ont fait la légende de cette berlinette V8 centrale, ses évolutions techniques et son héritage culturel, notamment grâce à la célèbre série télévisée qui la rendit familière du grand public.

Genèse et concept : la 308 comme héritière de la Dino

La 308 naît d’un choix stratégique de Ferrari : généraliser le schéma du moteur central sur les voitures de route. Après les Dino 206 et 246, qui avaient popularisé le moteur central six cylindres, Ferrari cherchait une voiture plus moderne et plus puissante. La 308 GTB (Berlinetta) débarque en 1975 avec un V8 transversal dérivé de la 308 GT4, dans un châssis raccourci et une largeur de voie augmentée par rapport à la Dino. La volonté était claire : proposer une GT compacte, agile et plus performante, tout en restant accessible à une clientèle désireuse d’une Ferrari moderne.

Technique et conception : V8 central et choix industriels

La configuration technique de la 308 est intéressante sur plusieurs points. Le V8 de 3,0 litres — d’où l’appellation 308 (3,0 litres, 8 cylindres) — utilise pour la première fois sur certains modèles Ferrari des arbres à cames entraînés par courroies dentées, nouveau choix technologique à l’époque. Les premiers exemplaires étaient fabriqués avec une carrosserie en polyester renforcé (fibre de verre), une solution légère mais rapidement abandonnée au profit de la carrosserie en acier pour des raisons de production et de durabilité. La GTB disposait d’un carter sec, quand la GTS (version targa) et certaines variantes optèrent pour un carter humide, influant sur la gestion du moteur et la maintenance.

Variantes et évolution mécanique

La 308 aura connu plusieurs moutures techniques notables :

  • 308 GTB/308 GTS : versions d’origine, avec carburateurs Weber double corps sur les premiers modèles et un caractère très mécanique.
  • 308 GTBi/GTSi : à partir de 1980, l’introduction de l’injection mécanique Bosch K‑Jetronic réduit émissions et consommation mais diminue légèrement la puissance disponible.
  • 308 Quattrovalvole (QV) : à partir de 1982, l’adoption de culasses à quatre soupapes par cylindre permet de regagner en performance et en nervosité, réapprochant la 308 des sensations recherchées par les clients sportifs.
  • Ces évolutions illustrent la volonté de Ferrari de concilier normes d’émission croissantes et maintien d’un tempérament moteur dynamique. La 308 sera produite jusqu’en 1985, puis remplacée par la 328, proche esthétiquement mais dotée d’une cylindrée portée à 3,2 litres pour améliorer encore agrément et performances.

    Design : lignes et proportions qui traversent les décennies

    Sur le plan stylistique, la 308 reprend certaines références issues des modèles antérieurs, comme la 365 GT/4 BB, mais propose un équilibre de lignes et de proportions qui la rendent immédiatement reconnaissable. La version GTS, avec son toit Targa amovible, devient iconique : sa silhouette s’accorde parfaitement aux codes esthétiques des années 70‑80, tout en restant moderne aujourd’hui. Les premières GTB en polyester sont d’autant plus recherchées des collectionneurs pour leur légèreté et leur rareté.

    Prestations et chiffres : performances et production

    En son temps, la 308 offrait des performances solides : vitesse de pointe annoncée autour de 255 km/h pour les versions les plus performantes, et une tenue de route qui faisait honneur à la philosophie Ferrari. Les chiffres de production témoignent aussi de son succès commercial : des milliers d’exemplaires produits entre 1975 et 1985, avec une préférence actuelle pour les premières versions GTB en fibre pour leur rareté. Les variantes injectées et QV ont permis de prolonger la vie commerciale de l’auto en s’adaptant aux nouvelles contraintes réglementaires.

    La 308 et la pop culture : Magnum P.I. et la légende

    L’un des facteurs majeurs de la renommée planétaire de la 308 GTS est son rôle dans la série télévisée Magnum P.I. : Tom Selleck conduisait une 308 GTS devenue image d’une certaine élégance californienne des années 80. Le choix de la GTS, non officiel de Ferrari au départ, s’explique aussi par la praticité : l’acteur pouvait y tenir confortablement, et le modèle ouvert offrait une lisibilité maximale à l’écran. Dans les premières saisons, plusieurs exemplaires d’années différentes furent utilisés, ce qui explique quelques incongruités techniques visibles dans la série (gestion du toit Targa, etc.).

    Variantes rarissimes et déclinaisons spéciales

    Ferrari a aussi proposé des versions italiennes spécifiques, comme la 208 GTB/GTS destinée au marché local avec moteur V8 réduit à 2,0 litres pour des raisons fiscales. Une variante turbo a même vu le jour, démontrant l’inventivité et l’adaptabilité de Ferrari aux contraintes du marché et aux demandes spécifiques.

    Postérité : pourquoi la 308 fascine toujours

    La 308 incarne une époque où le design, la mécanique et la visibilité médiatique se rejoignaient pour créer un mythe. Elle est étudiée aujourd’hui autant par les passionnés de technique que par les amateurs d’histoire automobile. Son V8 central, ses variantes et son statut de star télévisuelle en font un objet d’intérêt multiple : ingénierie, esthétique et culture populaire se combinent pour expliquer sa valeur et son attrait sur le marché des collectionneurs.

    Enfin, la 308 reste une leçon de conception : comment équilibrer performance, production et image pour créer une voiture capable de traverser les décennies. Pour qui roule encore aujourd’hui dans une 308, l’expérience est à la fois sportive et émotionnelle — un mélange rare et précieux.