Un défi irresponsable sur l’A4 Torino–Milano

    Dimanche vers 14 h, alors que le trafic s’écoulait normalement sur l’A4 entre Turin et Milan, plusieurs automobilistes ont assisté, médusés, à une scène digne d’un film d’action. Trois bolides italiens – une Lamborghini Huracán et deux Ferrari (488 et F8) – ont filé à vive allure en s’engageant dans une course clandestine. Les dépassements spectaculaires, changements de file à grande vitesse et accélérations brutales ont duré plusieurs kilomètres, avant l’intervention de la police routière.

    Une intervention chirurgicale de la Stradale de Novara Est

    Alertée par les appels des usagers, la police routière de Novara Est, coordonnée par le Centre Opératif de la Polstrada de Turin, s’est lancée à la poursuite de ce petit convoi téméraire, composé d’une dizaine de véhicules venus filmer ou soutenir l’épreuve. Pour neutraliser cette bande de chauffards, les forces de l’ordre ont déployé le protocole « safety car » :

    • Mise en place d’un barrage progressif : deux patrouilles encadrent le groupe pour ralentir le flot de trafic.
    • Création d’un « entonnoir » contrôlé : les voitures sont guidées sur une bande unique pour faciliter l’intervention.
    • Arrêt coordonné : dans un espace sécurisé, les bolides sont stoppés sans heurts ni danger pour les autres usagers.

    Cette technique, risquée mais efficace, a permis de mettre un terme à la course sans blessé ni dommage collatéral.

    Le profil des chauffeurs et les sanctions

    Au volant des trois supercars se trouvaient des ressortissants suisses âgés de 30 à 40 ans, en route vers Milan pour un week-end d’excès motorisés. Une fois leurs autos immobilisées, les agents ont procédé aux vérifications :

    • Identification des conducteurs et vérification des permis de conduire.
    • Constatation des infractions graves (mise en danger de la vie d’autrui, vitesse excessive).
    • Saisie immédiate des véhicules et retrait des permis pour infraction grave au Code de la route.

    Les dossiers ont été transmis au parquet, ouvrant la voie à des poursuites pénales et à une possible confiscation administrative des voitures.

    Entre fascination et danger : la dérive des courses improvisées

    Les Lamborghini et Ferrari, avec leurs V10 et V8 hurlants, représentent l’excellence de l’ingénierie automobile : plus de 300 km/h en pointe, un couple instantané et un design fascinant. Dans les mains de conducteurs expérimentés sur circuit, ces bolides sont de véritables machines à sensations. Sur l’autoroute, ils se muent en armes redoutables :

    • Trajectoires à grande vitesse : chaque manœuvre devient une prise de risque extrême.
    • Déséquilibre du trafic : les autres usagers n’ont aucune anticipation face à des pointes inhabituelles.
    • Absence de mesures de sécurité adaptées : pas de protections, pas de chronomètres, pas de barrière de sécurité.

    Ces événements naissent souvent de « raduni » informels, organisés via les réseaux sociaux, où propriétaires de supercars et influenceurs se rejoignent pour filmer leurs exploits. Une dérive qui transforme l’autoroute en circuit improvisé, à la merci d’un accident dramatique.

    Un phénomène en pleine expansion

    Les axes autoroutiers les plus fréquentés – A4, A1, A22 – deviennent le terrain de jeux de participants venus tester la limite de leurs bolides. Voici quelques chiffres et faits marquants :

    • Augmentation des infractions liées à la vitesse de plus de 25 % sur certains tronçons en 2025.
    • Multiplication des vidéos amateurs sur les réseaux, alimentant l’effet « glorification de la vitesse ».
    • Difficulté pour les forces de l’ordre à couvrir l’ensemble des zones concernées.

    Malgré la sévérité des sanctions, le frisson de la vitesse demeure un appel irrésistible pour certains passionnés, prêts à défier les règles et la vie d’autrui pour quelques secondes de gloire virtuelle.

    Les leçons pour les automobilistes et la sécurité routière

    En Occitanie comme ailleurs, la tentation de mettre en avant sa supercar sur l’arc autoroutier est forte. Pourtant, quelques principes simples peuvent faire la différence :

    • Respect du Code de la route : les limitations sont faites pour protéger tous les usagers.
    • Choix du bon terrain : privilégier les journées « track day » organisées sur circuit fermé, avec encadrement professionnel.
    • Sens des responsabilités : se souvenir que la route est un espace partagé, où chaque excès peut avoir des conséquences irréversibles.

    La vitesse n’a de sens que lorsqu’elle est maîtrisée. Sur la route, la prudence reste le meilleur allié pour préserver la vie, celle du conducteur comme celle des autres.