Le troisième trimestre 2025 marque un tournant inédit pour Porsche, qui enregistre une perte opérationnelle de 967 millions d’euros, alors que la même période de 2024 s’était soldée par un bénéfice de 974 millions. Dans un contexte économique déjà tendu, la légendaire marque de Zuffenhausen doit repenser sa stratégie industrielle, notamment en repoussant plusieurs lancements électriques et en renforçant temporairement son offre de modèles thermiques et hybrides.

Des résultats financiers sous haute tension

Sur les neuf premiers mois de 2025, le chiffre d’affaires de Porsche s’établit à 26,86 milliards d’euros, en recul par rapport aux 28,56 milliards de la même période l’an dernier. Le recul du marge opérationnelle est particulièrement spectaculaire : elle chute à 0,2 %, alors qu’elle culminait à 14,1 % fin 2024. Ces chiffres traduisent une érosion rapide des marges et une pression accrue sur la rentabilité.

Effondrement des ventes en Chine

L’indicateur le plus alarmant concerne le marché chinois, pilier traditionnel de la croissance du luxe automobile. Les livraisons y chutent de 25,6 %, à seulement 32 195 véhicules vendus au troisième trimestre. Cette contre-performance reflète :

  • Une demande volatile, exacerbée par la concurrence locale des marques électriques.
  • Des ajustements de tarifs rendus nécessaires par la baisse de volume.
  • Une dynamique générale de recul du segment premium en Asie, où l’inflation et la prudence des ménages pèsent sur les décisions d’achat.

Une relative résilience en Amérique du Nord

À l’inverse, le marché américain offre un motif de satisfaction : les livraisons progressent de 4,8 %, à 64 446 unités. Ce résultat est obtenu malgré l’impact des droits de douane imposés aux voitures européennes, qui coûtent près de 500 millions d’euros à Porsche. Les combineurs clés de ce rebond américain sont :

  • La popularité intacte des SUV Cayenne et Macan auprès des familles.
  • La bonne tenue des modèles sportifs 911 et Taycan, en dépit de leur positionnement haut de gamme.
  • Une politique de promotions ciblées et de financements attractifs qui stimule la demande.

Des coûts exceptionnels pour réorganiser la gamme

Porsche a annoncé un plan de relance qui consiste à renforcer sa gamme à moteurs thermiques et hybrides plug-in tout en repoussant le lancement de sa nouvelle plateforme 100 % électrique. Cette révision stratégique génère des charges exceptionnelles estimées à 3,1 milliards d’euros pour l’exercice 2025. Ces sommes couvrent :

  • Le développement de nouvelles motorisations essence et hybrides.
  • La modernisation des usines pour produire ces modèles.
  • Le renforcement du réseau de maintenance pour assurer la continuité du service.

Rassurer investisseurs et marchés

Face à ces turbulences, la direction financière de Porsche, menée par le CFO Jochen Breckner, insiste sur le fait que 2025 représentera le creux de la vague. L’objectif est de retrouver une trajectoire positive dès 2026, grâce à :

  • La relance des ventes de modèles phares renouvelés.
  • Le contrôle strict des coûts de production et de R&D.
  • Une réorganisation de la chaîne logistique pour réduire les délais et les pénalités liées aux stocks.

Changement à la tête de la marque

Pour piloter cette phase délicate, Porsche prépare un changement de cap à son plus haut niveau : Michael Leiters succédera à Oliver Blume au poste de CEO à partir du 1er janvier 2026. Ce renouvellement de la direction est perçu comme une occasion d’insuffler de nouvelles idées, notamment pour accélérer la transition vers l’électrique lorsque les conditions de marché seront plus favorables.

Un flux de trésorerie opérationnel solide

Malgré la perte, Porsche dispose d’un flux de trésorerie industriel robuste, en hausse à 1,34 milliard d’euros sur les neuf premiers mois, contre 1,24 milliard l’an dernier. Cette capacité à générer des liquidités constitue un atout pour financer la réorganisation et absorber les coûts exceptionnels sans compromettre la stabilité financière du groupe.

Les défis de l’électrification

Si le report de la plateforme électrique peut se justifier à court terme, il pose la question de la compétitivité long terme de Porsche : la concurrence, qu’elle vienne de Tesla, des marques chinoises ou des constructeurs premiums allemands, accélère sur l’électrique. Les clients haut de gamme attendent des performances, de l’autonomie et des services digitaux toujours plus poussés.

  • Maintenir l’image de sportivité et de luxe, tout en offrant des véhicules zéro émission.
  • Assurer l’infrastructure de recharge rapide, notamment en France et en Occitanie où les bornes sont encore inégales.
  • Concilier coûts de production élevés et endurance des marges, face à des réglementations environnementales de plus en plus strictes.

Points clés à retenir

  • Perte opérationnelle de 967 M€ au T3 2025, contre un bénéfice de 974 M€ au T3 2024.
  • Ventes chinoises en chute de 25,6 % (32 195 unités), alors que l’Amérique du Nord progresse de 4,8 % (64 446 unités).
  • Revenus en repli à 26,86 Md€ sur 9 mois, marge opérationnelle à 0,2 %.
  • Charges exceptionnelles de 3,1 Md€ pour renforcer les moteurs thermiques et retarder l’électrification.
  • Changement de CEO prévu en janvier 2026 avec Michael Leiters à la tête.
  • Flux de trésorerie opérationnel stable à 1,34 Md€, gage de solidité financière.

Sur les routes d’Occitanie comme ailleurs, le nom de Porsche restera associé au prestige et à la performance. Mais la grande question demeure : le constructeur pourra-t-il combiner cette image légendaire avec une offre électrique compétitive avant 2030 ?

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