Bentley Mulliner a décidé de marier deux passions qui font vibrer l’âme britannique : l’automobile d’exception et l’art intemporel. Présentée au Rijksmuseum d’Amsterdam, la Dutch Masters Collection reprend l’essence des maîtres néerlandais — Rembrandt, Vermeer et Van Gogh — et la transpose sur trois Continental GT uniques. Ici, on n’est pas dans la simple livrée « à thème », mais dans une approche de design global où chaque détail intérieur et extérieur dialogue avec une œuvre. Sur les routes d’Occitanie, entre plaines et cols, ces voitures seront autant de tableaux roulants. Je vous propose un tour technique et esthétique, au fil des inspirations et des choix techniques opérés par Mulliner.
Une démarche de création : de la toile à la carrosserie
Ce qui frappe d’emblée chez Bentley, c’est la cohérence du projet. Plutôt que d’apposer une image, Mulliner a déconstruit l’univers chromatique et symbolique de chaque peintre pour le décliner sur la carrosserie, l’habitacle, les éclairages et même les clés. Chaque Continental GT de cette série est livrée avec une boîte et une clé personnalisées, et intègre des spécificités Bentley telles que le display rotatif, les sièges « wellness », l’éclairage d’ambiance (mood lighting) et l’équipement audio Naim. Le véhicule devient ainsi une expérience sensorielle complète — visuelle, tactile et auditive — ressemblant davantage à une installation muséale itinérante qu’à une simple voiture de luxe.
Rembrandt : la puissance du clair‑obscur traduite en voiture
La Continental GT Convertible Rembrandt s’inspire directement de La Ronda de Nuit (1642). Sur le plan esthétique, le Midnight Emerald de la carrosserie évoque les tons profonds et dramatiques des ombres, tandis que les intérieurs Magnolia et Cumbrian Green rappellent les verts et beiges des costumes et des fonds. Les touches Hotspur Red et les détails dorés reprennent les accents lumineux et les rehauts métalliques des ornements du tableau.
Les éléments de style ne se limitent pas à la couleur : la lampe de bienvenue projette la plume du lieutenant, transformant l’entrée à bord en un geste symbolique. Les panneaux de porte et les battitacco (seuils) répètent ce motif avec une finesse d’exécution qui relève du travail d’orfèvre. Technologiquement, le recours au display rotatif permet d’intégrer des animations et des éléments graphiques qui peuvent rappeler la profondeur picturale du tableau, tandis que les sièges wellness offrent un confort d’exception lors des longues étapes.
Vermeer : la lumière comme matériau
Vermeer est le maître de la lumière douce et froide. Pour interpréter cette signature, Mulliner a opté pour une livrée Sapphire Satin et des intérieurs Beluga et Ocean Blue, avec accents Citric Yellow et Klein Blue. Le choix du toit panoramique n’est pas anodin : il renforce la perception de luminosité à bord, à la manière d’une pièce éclairée par une fenêtre dans les intérieurs de Delft.
Les motifs reproduits sur la lampe d’accueil et les panneaux de porte — inspirés des nuées de La petite rue (1658) — traduisent la volonté de faire dialoguer l’espace intérieur avec l’extérieur lumineux. Le résultat est un habitacle qui privilégie la clarté, tout en offrant des contrastes de couleur sophistiqués. Sur le plan pratique, la teinte Sapphire Satin donne un rendu élégant tout en restant discrète sur la route, tandis que l’équilibre des couleurs intérieures favorise une ambiance apaisée propice aux longs trajets.
Van Gogh : la tempête céleste imprimée sur la carrosserie
Avec Van Gogh, Mulliner joue la carte du dramatique et du poétique. La voiture reprend la célèbre iconographie de La Nuit étoilée : spirales du ciel et déclinaisons de bleus intenses. La carrosserie Dark Sapphire et Imperial Blue, associée à des intérieurs en Linen et Khamun Yellow, recrée les contrastes violents et la vibration chromatique du peintre post‑impressionniste.
Les panneaux de porte reproduisent les spirales et la lune se retrouve projetée dans la lampe d’accueil : l’entrée dans la voiture devient un moment théâtral. Les finitions Piano Linen et les surpiqûres brodées ajoutent une dimension artisanale perceptible au toucher — une signature typique des travaux Mulliner où le luxe se lit aussi sous la main.
Finitions et technologies : où l’art rencontre l’ingénierie
Sur ces trois modèles, les équipements restent typiquement Bentley : châssis raffiné, raffinement des matériaux, insonorisation soignée et une électronique qui se fait discrète pour mieux laisser la place à l’esthétique. Le système audio Naim, associé à l’isolation de l’habitacle, promet une restitution sonore fidèle — un point crucial pour une expérience « musicale » à bord qui complète l’aspect visuel.
Les sièges « wellness » méritent une mention : ils montrent que Mulliner ne sacrifie pas l’ergonomie au profit du spectaculaire. L’éclairage d’ambiance programmable permet d’accentuer le thème choisi, modulant la perception de l’habitacle selon l’heure ou l’humeur.
Sur la route : quel usage pour ces œuvres roulantes ?
Conduire une Continental GT Mulliner issue de la Dutch Masters Collection, c’est accepter d’être regardé. Ces voitures sont des pièces de collection destinées à une clientèle qui veut porter l’art au quotidien. Sur les routes sinueuses d’Occitanie, elles offriront confort, prestance et sensations : la combinaison d’un train roulant Bentley et d’un intérieur conçu pour le bien‑être garantit une mise en roue agréable, même lors d’escapades prolongées.
Enjeux et signification
Au‑delà de l’aspect marketing, ce projet illustre une tendance plus large : la personnalisation extrême des véhicules de luxe, où l’automobile devient un vecteur d’expression culturelle. Mulliner propose ici un objet hybride, à la fois vitrine technique et manifeste esthétique. Pour les collectionneurs, c’est une opportunité de posséder une pièce unique ; pour l’industrie, c’est un rappel que l’émotion reste au cœur du premium.

