Première rencontre avec Apple CarPlay Ultra

    Lors de mon dernier essai sur l’Aston Martin DBX 2025 en Région Occitanie, la question « Y a-t-il Apple CarPlay Ultra ? » est vite devenue centrale. Depuis son lancement en 2014, CarPlay se limite généralement à un simple miroir du smartphone sur l’écran central. Mais avec CarPlay Ultra, Apple franchit une nouvelle étape : l’interface prend le contrôle non seulement du système d’infodivertissement, mais aussi du tableau de bord numérique. Le résultat est une expérience immersive… quoique perfectible.

    Pourquoi Aston Martin adopte CarPlay Ultra

    Aston Martin, marque de niche habituée à personnaliser chaque détail, n’a pas hésité à intégrer CarPlay Ultra pour répondre aux attentes de sa clientèle connectée. Sur la DBX 2025, cela signifie :

  • Un affichage 100 % Apple : cartographie, médias, contacts et applications sont directement importés.
  • Restauration des commandes physiques : le constructeur a conservé les boutons du volant en y ajoutant la compatibilité CarPlay.
  • Pas de coût de licence : Apple facture uniquement le développement, sans royalties sur chaque véhicule.
  • Cette décision traduit la volonté d’Aston Martin de privilégier l’ergonomie et la cohérence visuelle, mais aussi de rester à la pointe des technologies embarquées.

    Installation et configuration

    La mise en route de CarPlay Ultra sur la DBX s’effectue sans fil. Il suffit de jumeler son iPhone (iOS 18.5 minimum) pour voir apparaître :

  • Un écran d’accueil personnalisé, adapté aux couleurs et à la résolution du tableau de bord numérique.
  • Une synchronisation des raccourcis, des playlists et des itinéraires directement issus de l’iPhone.
  • La création d’un profil « véhicule » stocké dans la mémoire Apple, activable dès la connexion du téléphone.
  • Cette procédure, quasi instantanée avec un iPhone 15 fourni par Aston, se complique hélas sur des modèles plus anciens, où la connexion peut être lente ou instable.

    Ergonomie et fonctions clés

    L’interface se compose de trois zones :

  • Le tableau de bord numérique (15,26 « ) reprend les informations de vitesse, mode de conduite et navigation en plein champ de vision.
  • L’écran central (10,25 « ) gère la climatisation, le son, les réglages ADAS et les appels téléphoniques.
  • L’écran passager (8,8 « ) offre un accès secondaire à l’info-divertissement ou aux données du véhicule.
  • Le tout se pilote via les boutons du volant, dont la branche gauche gère CarPlay (cartographie, médias) et la branche droite commande le tableau de bord. Cette symbiose entre commandes physiques et interface tactile limite la distraction au volant.

    Fonctionnalités avancées

    En utilisation quotidienne, CarPlay Ultra ne se limite pas aux apps Apple :

  • Intégration du climatiseur : température, ventilation et sièges chauffants sont accessibles depuis l’écran CarPlay.
  • Affichage des modes de conduite (GT, Sport, Off-Road) avec retour visuel en temps réel.
  • Notifications contextuelles : alertes trafic, rappel de maintenance et points d’intérêt via Apple Maps.
  • Ces éléments renforcent l’attrait de l’interface et montrent combien Apple a travaillé pour étendre son contrôle au cœur du véhicule.

    Performance et stabilité en conditions réelles

    Mon test sur routes départementales et autoroutes m’a permis de mesurer :

  • Avec un iPhone 15 Pro : connexion instantanée, fluidité parfaite et aucune déconnexion.
  • Avec un iPhone 13 Pro Max : latences, écrans noirs passagers et réinitialisations fréquentes.
  • Consommation de batterie accrue : le mode sans fil sollicite intensément la puce Bluetooth et Wi-Fi du smartphone.
  • Cette variabilité souligne que, pour l’instant, la compatibilité est inchangée « officiellement », mais réellement limitée aux modèles très récents.

    Limites et points d’amélioration

    Malgré ses qualités, CarPlay Ultra ne communique pas directement avec le bus CAN de la voiture. Il reste :

  • Incapable de gérer la pression des pneus ou la température moteur.
  • Dépendant du système d’origine pour la sécurité : freinage, traction et airbags restent sous contrôle natif.
  • Privé d’accès aux capteurs avancés (lidar, radar) pour proposer des alertes proactives.
  • En l’état, Apple ne fait que « projeter » des informations, là où un système pleinement intégré pourrait offrir une expérience homogène.

    Impacts pour l’industrie automobile

    L’annonce de CarPlay Ultra en 2022 avait séduit quatorze constructeurs. Aujourd’hui :

  • Audi, Ford et Mercedes-Benz ont renoncé, par crainte de dépendance technologique et de partage des données.
  • General Motors s’oppose publiquement à toute intégration trop poussée.
  • En revanche, Porsche, Hyundai, Kia, Genesis et Aston Martin poursuivent l’aventure, misant sur la forte demande client.
  • Ce bras de fer entre OEM et Apple questionne l’avenir : faut-il ouvrir le cockpit aux géants de la tech ou protéger le savoir-faire des constructeurs ?

    Sécurité et confidentialité des données

    L’un des freins majeurs reste la crainte de divulgation de données sensibles (habitudes de conduite, trajets, playlists) à des tiers tels que :

  • Compagnies d’assurance, qui pourraient ajuster les primes en fonction des kilomètres ou du style de conduite.
  • Annonceurs et plateformes marketing, en quête de profils précis pour cibler la publicité embarquée.
  • Agrégateurs d’analytics, curieux des comportements au volant pour enrichir leurs bases de données.
  • Avant un déploiement massif, Apple devra donc rassurer les constructeurs sur la gouvernance de ces informations et proposer un cadre juridique clair pour l’utilisateur.