Un coup de frein bureaucratique sur les nouveaux incitatifs électriques
En pleine dynamique de transition énergétique, l’Italie se veut exemplaire : 600 millions d’euros dédiés aux subventions pour véhicules électriques, jusqu’à 11 000 € par foyer pour l’achat d’une voiture zéro émission, voilà le plan ambitieux. Initialement prévu pour la fin septembre, le lancement des aides est aujourd’hui menacé d’un report de 30 à 45 jours. Cause officielle : l’attente d’une révision des cartes ISTAT des « aires urbaines fonctionnelles » (AUF), indispensables pour déterminer les zones éligibles.
La carte ISTAT, clé de la répartition équitable
Les incitations seront réservées aux résidents des AUF, ces zones qui regroupent une ville de plus de 50 000 habitants et son bassin de pendulaires. Or, l’ISTAT n’a pas actualisé ces délimitations depuis une dizaine d’années. Les nouvelles cartes, attendues ces prochaines semaines, visent à refléter l’évolution des flux domicile-travail et l’étalement urbain. Sans une cartographie à jour, les pouvoirs publics risquent :
La position du ministère de l’Environnement
Lors du forum Teha à Cernobbio, le ministre Gilberto Pichetto Fratin a exposé le dilemme : « La révision est en cours, nous pourrions attendre un mois de plus pour garantir la précision. Mais si les modifications sont mineures, l’idée serait de lancer le dispositif avec les anciennes cartes et d’ajuster ultérieurement ». Cette option de compromis offrirait une mise en route rapide du guichet numérique, mais pourrait s’avérer technique à gérer en cas de redistribution massive de zones.
Deux scénarios antagoniques
- Attendre la nouvelle carte ISTAT : garantit une distribution géographique juste, mais déplace la date d’ouverture à fin octobre – début novembre, retardant l’accès aux aides en période de forte demande.
- Lancer les incitations avec l’ancienne carte : activation rapide du portail numérique, mais nécessité de corriger ultérieurement les dossiers – risques de litiges et surcharge administrative.
Conséquences sur le marché et les consommateurs
Le retard arrive au pire moment : en août 2025, la part des voitures électriques en Italie plafonne à 4,9 % des immatriculations, stable par rapport à juillet mais loin de la moyenne européenne de 15,6 %. Ce décalage s’explique par plusieurs facteurs :
Sans l’effet levier des 600 M€, le marché risque de stagner, freinant l’objectif national de 10 % de parc électrique d’ici deux ans. De leur côté, les constructeurs et les réseaux de concessionnaires se retrouvent en mode « attente », incapables d’orienter leur plan de production et de stocks vers les modèles concernés.
Impact sur le déploiement des bornes de recharge
Initialement prévu dans le cadre du Plan national de récupération et de résilience (PNRR), le financement des bornes de recharge a été redistribué vers l’aide à l’achat. Or, la réorientation implique aujourd’hui un double ajustement :
Ce va-et-vient réglementaire mobilise déjà les services régionaux et les communes, notamment en Occitanie où la diffusion des bornes en zones périurbaines est cruciale pour préserver la mobilité des pendulaires.
La plateforme numérique en veille
Le portail digital du ministère de l’Environnement, conçu pour centraliser les demandes d’aide, reste inactif. Les candidats à la subvention, prêts avec leur devis et leur certificat de mise à la casse, sont face à un écran « bientôt disponible ». Cette inertie nourrit l’impatience : combien de citoyens abandonneront en constatant le manque de visibilité ? Quel impact sur la confiance dans la stabilité des mesures gouvernementales ?
Perspectives et conseils pour les conducteurs
Pour naviguer dans cette incertitude, voici quelques recommandations pratiques :
En Occitanie comme ailleurs, l’important est de ne pas perdre le rythme : la transition vers la mobilité électrique ne se fera pas sans une certaine dose de réactivité et d’adaptation.