En 2024, l’Italie a battu un nouveau record en matière de recettes liées aux amendes routières : les communes du pays ont encaissé la somme colossale de 1,7 milliard d’euros, soit une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente. Un chiffre qui témoigne non seulement du renforcement des contrôles, mais aussi des interrogations croissantes sur l’efficacité de ces mesures et leur impact sur le quotidien des automobilistes. Voici un décryptage complet des villes italiennes les plus « généreuses » en termes de contraventions et des enjeux qui en découlent.
2024, une année record pour les recettes liées aux infractions routières
Le bond de 10 % des recettes implique plusieurs facteurs : la multiplication des radars automatiques, la généralisation des zones à trafic limité (ZTL) et le durcissement des politiques municipales pour dissuader la vitesse excessive. Si la sécurité routière reste l’objectif principal, l’extension et la sophistication des systèmes de contrôle – autovelox de dernière génération, caméras de surveillance intelligentes – ont aussi transformé chaque département italien en un potentiel point de collecte d’amendes.
Classement des villes par montant moyen par habitant : Sienne détonne
Contre toute attente, ce n’est ni Rome, ni Milan qui trustent le haut du classement par montant moyen encaissé par résident, mais Sienne, la cité toscane célèbre pour son Palio. Avec 171,02 € de contraventions par habitant en 2024, Sienne devance Florence (169,77 €) et Milan (149,75 €). Plusieurs raisons expliquent ce phénomène :
- Un centre historique très réglementé, avec de nombreuses ZTL et contrôle d’accès strict.
- Un parc de radars mobiles et fixes concentré autour des axes touristiques et commerçants.
- Une politique communale volontariste destinée à préserver le patrimoine et réguler le flux des véhicules.
Ces mesures, si elles freinent la congestion, pèsent lourd sur le portefeuille des automobilistes locaux et des visiteurs de passage.
Top 10 des recettes absolues : Milan domine le classement
Au regard des montants totaux perçus, la hiérarchie s’inverse partiellement. Milan récolte plus de 204 millions d’euros, suivi de Rome avec 168,9 millions et de Florence à 61,5 millions. Voici la liste complète des dix villes attirant le plus de recettes :
- Milan : 204,0 M€
- Rome : 168,9 M€
- Florence : 61,5 M€
- Turin : 45,3 M€
- Gênes : 36,7 M€
- Bologne : 34,8 M€
- Palerme : 26,1 M€
- Padoue : 19,5 M€
- Vérone : 17,3 M€
- Venise : 16,7 M€
Ces dix municipalités représentent à elles seules plus de 630 millions d’euros de recettes, soit près de 37 % du total national. Ce déséquilibre met en lumière le poids des grands centres urbains dans la collecte des contraventions, là où la densité du trafic et la présence de dispositifs automatiques sont les plus importantes.
Facteurs d’augmentation des amendes : technologie et politique répressive
Plusieurs éléments expliquent cette flambée des recettes :
- Multiplication des radars automatiques fixes et mobiles, couplés à des systèmes de vidéosurveillance et de reconnaissance des plaques d’immatriculation.
- Extension des ZTL et création de zones à circulation restreinte, contrôlées par caméras, notamment dans les centres historiques et près des sites touristiques.
- Durcissement des seuils de tolérance sur la vitesse, parfois réduite à 3 km/h au-dessus de la limite autorisée.
- Campagnes de contrôle ciblées par les forces de l’ordre, visant prioritairement les infractions liées au stationnement et aux feux rouges.
Ces mesures, destinées à améliorer la sécurité et la qualité de l’air, génèrent toutefois un sentiment d’agacement chez certains conducteurs, qui perçoivent ces contrôles comme une source de revenu supplémentaire pour les municipalités.
Réinvestir les recettes : vers une meilleure sécurité routière ?
Les recettes des amendes offrent pourtant aux communes des ressources non négligeables pour améliorer la voirie et la sécurité :
- Entretien et rénovation des routes, réduction des nids-de-poule et amélioration de l’éclairage public.
- Installation de nouveaux systèmes de signalisation et optimisation des passages piétons.
- Campagnes d’éducation à la conduite responsable, ateliers pour jeunes conducteurs et programmes de sensibilisation.
- Développement de solutions alternatives de mobilité douce (pistes cyclables, transports en commun attractifs).
L’enjeu est de transformer le produit des amendes en un véritable levier de prévention et non pas uniquement en une entrée budgétaire. Les municipalités italiennes sont encouragées à communiquer de manière transparente sur l’affectation de ces fonds, afin de renforcer la confiance des citoyens.
Un équilibre délicat entre rigueur et acceptabilité
Si la lutte contre la vitesse excessive et le stationnement dangereux reste une priorité pour réduire les accidents, il est crucial de trouver le juste équilibre entre fermeté et compréhension des contraintes des automobilistes. En Occitanie, comme en Toscane, la convivialité des centres-villes repose souvent sur une cohabitation harmonieuse entre piétons, cyclistes et conducteurs. Appliquer les mêmes principes – signalisation claire, renseignements aux usagers, contrôles ciblés – permettrait aux communes italiennes de concilier sécurité, mobilité et acceptation sociale.
La surprise de Sienne rappelle qu’une politique de contrôle, même bien intentionnée, doit être accompagnée d’une pédagogie forte pour éviter le sentiment d’injustice. À travers ce classement, le débat reste ouvert : comment garantir la sécurité routière sans transformer la route en une simple source de recettes ?