Un paradoxe étonnant sur le marché chinois

    Le Xiaomi YU7, tout juste lancé en Chine, se retrouve déjà en tête des opérations de spéculation sur le marché de l’occasion. En quelques semaines seulement, plus de 80 exemplaires « presque neufs » ont été mis en vente sur les plateformes spécialisées. Alors que les commandes officielles sont soumises à des délais de livraison pouvant atteindre 60 semaines, des acheteurs désireux de recevoir rapidement leur SUV électrique sont prêts à payer un surcoût allant jusqu’à 20 000 yuan par rapport au prix catalogue.

    Des prix d’occasion supérieurs au neuf

    Selon les données de Dongchedi, les offres usagées oscillent entre 350 000 et 390 000 yuan (environ 48 300 à 53 800 USD). Cette fourchette dépasse largement le tarif officiel, positionné autour de 330 000 yuan pour la version standard et 370 000 yuan pour la version Max. Les modèles les plus prisés sont les YU7 Max, souvent affichés à moins de 100 km au compteur, témoignant de l’engouement des spéculateurs pour ces premières unités livrées.

    Mécanismes à l’origine de la bulle spéculative

    • Spéculateurs professionnels : ces acteurs achètent le véhicule au prix public uniquement pour le revendre à prix majoré.
    • Plateformes de revente : elles rachètent des exemplaires rares pour les proposer avec une marge, créant une double majoration.
    • Pénurie artificielle : la limitation de l’offre officielle alimente la rareté et pousse les acheteurs impatients vers l’occasion.

    Ce triptyque alimente une spirale où les délais de livraison et la forte demande sont exploités à des fins lucratives, au détriment des consommateurs finaux.

    Un succès commercial foudroyant

    Le YU7 a enregistré plus de 200 000 précommandes en moins de trois minutes, suivi de 248 000 commandes confirmées en 18 heures. Des chiffres spectaculaires qui révèlent la force de frappe de Xiaomi dans le segment des SUV électriques. Mais cette frénésie se transforme rapidement en déséquilibre : les clients prêts à attendre plusieurs mois doivent faire face à des conditions conséquentes, tandis que d’autres jouent les intermédiaires pour réaliser du profit.

    Contre-mesures de Xiaomi pour freiner les scalpeurs

    • Limitation d’achat : un seul véhicule par client durant les premières 24 heures de la vente.
    • Délai de modification : changement de commande possible uniquement dans les 168 heures suivant le dépôt de garantie.
    • Fonds non remboursables : au-delà de la période de 168 heures, l’acompte devient définitif, décourageant les commandes multiples.

    Malgré ces mesures, la demande excède l’offre et pousse les premiers acheteurs à se tourner vers le marché secondaire, prêts à payer le prix fort pour éviter l’attente.

    Répercussions pour l’acheteur grand public

    Pour le consommateur ordinaire, cette situation crée un véritable dilemme. D’un côté, patienter près d’un an pour réceptionner son véhicule ; de l’autre, dépenser jusqu’à 20 000 yuan de plus pour en prendre possession immédiatement. Les acheteurs moins fortunés ou moins informés risquent de se laisser piéger et de voir leur budget automobile exploser, tandis que les collectionneurs et passionnés se frottent les mains.

    Une régulation à l’étude pour rééquilibrer le marché

    Face à l’emballement spéculatif, les autorités chinoises envisagent plusieurs pistes :

    • Interdiction de revente précoce : blocage des ventes de véhicules neufs durant les six premiers mois suivant leur immatriculation.
    • Renforcement des contrôles : sanctions accrues pour les intermédiaires et plateformes favorisant la revente à prix majoré.
    • Transparence des délais : obligation pour les constructeurs d’afficher clairement les délais de livraison estimés.

    Ces mesures visent à protéger le pouvoir d’achat des particuliers et à garantir un accès équitable aux nouvelles technologies. Le cas du YU7 pourrait servir de référence pour l’ensemble du marché automobile électrique chinois et inspirer des initiatives similaires à l’international.