Une récente étude européenne met en lumière un phénomène surprenant : les voitures électriques (VE) provoqueraient davantage de nausées chez les passagers que leurs homologues thermiques. Entre mémoires de mouvement, freinage régénératif et absence de bruits familiers, plusieurs mécanismes entrent en jeu pour expliquer ce malaise. Gérard, journaliste automobile vivant en Occitanie, décrypte pour vous cette recherche et livre des conseils pratiques pour limiter la cinétose à bord d’un VE.

Comprendre la cinétose automobile

La cinétose, ou mal des transports, survient lorsque le cerveau reçoit des informations contradictoires : les yeux perçoivent un environnement statique (intérieur du véhicule), tandis que l’oreille interne ressent le mouvement. Symptômes classiques : sueurs froides, vertiges, nausées et parfois vomissements. Si ce phénomène est bien documenté en mer ou en avion, les spécificités des véhicules électriques sont aujourd’hui pointées du doigt.

Méthodologie de l’étude

Étendue sur deux mois, l’étude a réuni 120 volontaires, alternant trajets en VE et en voitures thermiques à motorisation essence. Chaque trajet de 30 km comprenait des sections urbaines, des portions d’autoroute et des routes sinueuses d’une région vallonnée. Les paramètres évalués :

  • Questionnaire MISC (Motion Sickness Assessment Questionnaire) à la fin de chaque trajet.
  • Mesures physiologiques : fréquence cardiaque, conductance cutanée et spasmes abdominaux.
  • Observation des comportements : posture, utilisation de smartphone ou lecture.

Résultats clés : EV versus thermique

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • 58 % des passagers se sont dits mal à l’aise en VE, contre 33 % en voiture thermique.
  • La gravité des symptômes (note MISC) était en moyenne 25 % plus élevée dans les VE.
  • Les mesures physiologiques ont confirmé une augmentation plus marquée de la sudation et de la fréquence cardiaque lors du freinage régénératif.

Ce constat étonnant interpelle les ingénieurs et les conducteurs : pourquoi la voiture électrique, silencieuse et supposée plus douce, serait-elle plus propice à la cinétose ?

Les facteurs techniques responsables

Plusieurs éléments spécifiques aux VE expliquent cette sensibilité accrue :

  • Freinage régénératif : le passage brusque du mode propulsion au mode récupération module la décélération de façon non linéaire, ce qui perturbe l’oreille interne.
  • Absence de vibrations familières : le silence de fonctionnement élimine les micro-vibrations perçues habituellement, privant le cerveau d’indices sensoriels rassurants.
  • Répartition des masses : l’accumulation de batteries sous le plancher crée un centre de gravité bas, augmentant les mouvements latéraux dans les virages serrés.
  • Silence moteur : l’absence de ronflement du bloc thermique empêche l’anticipation auditive des changements de régime et des phases de freinage.

Le rôle de la mémoire de mouvement

La « mémoire de mouvement » désigne la capacité du cerveau à se souvenir des sensations associées à chaque comportement de conduite. En thermique, la combinaison bruit-vibration-etancement régulier crée une routine sensorielle. En VE, ce signal de fond manque, provoquant un décalage entre la position statique du corps et l’absence de repères auditifs et tactiles.

Conseils pratiques pour les conducteurs et passagers

Pour limiter la nausée en VE, plusieurs astuces peuvent être mises en place :

  • Activer le mode « régénération faible » si disponible, afin de lisser la décélération.
  • Augmenter l’amplitude des suspensions (mode « Confort ») pour atténuer les mouvements latéraux.
  • Favoriser une ventilation intérieure douce pour stimuler légèrement les sens et éviter le surchauffe.
  • Encourager les passagers à regarder l’horizon plutôt que l’écran du smartphone.
  • Proposer de courtes pauses toutes les 20 minutes lors des longs trajets pour rééquilibrer le système vestibulaire.

Recommandations pour les constructeurs

L’étude suggère que les fabricants de VE pourraient adapter leurs technologies pour réduire la cinétose :

  • Affiner la courbe de freinage régénératif pour offrir une décélération progressive et prévisible.
  • Intégrer des retours haptiques dans le volant ou l’accélérateur pour compenser le manque de vibrations.
  • Proposer des suspensions pilotées capables de minimiser les mouvements latéraux sans compromettre la tenue de route.
  • Émettre un bruit de moteur synthétique modulé lors des phases critiques de conduite (décélération ou changement de vitesse).

Impacts pour les utilisateurs d’Occitanie

Sur les routes vallonnées et sinueuses de l’Occitanie, l’expérience de conduite en VE peut être particulièrement touchée par la mémoire de mouvement. Gérard recommande aux propriétaires de voitures électriques de tester différents réglages dès la première prise en main et de ne pas hésiter à réaliser des essais comparatifs avec des véhicules thermiques pour ajuster leur style de conduite.

Perspectives et adaptations

Alors que la transition vers l’électrique s’accélère, la lutte contre la cinétose automobile devient un enjeu de confort majeur. Entre innovation technique et conseils pratiques, un équilibre est à trouver pour offrir à tous les usagers une expérience de mobilité agréable, qu’ils soient au volant ou à l’arrière.