Les rues de Rome ont retrouvé, le temps d’un week-end, l’effervescence des grandes heures du sport automobile à l’occasion du centenaire du Reale Premio Roma. Au cœur de la cité éternelle, une Bugatti Tipo 35 — modèle iconique ayant fait la gloire de la marque aux chevrons dans les années 1920 — s’est élancée sur le tracé historique de Monte Mario, accompagnée d’une trentaine de voitures et d’une dizaine de motos d’époque pour une parade hors du temps.

Réveil d’un mythe : le Circuit de Monte Mario

Inauguré en février 1925 par la princesse Mafalda de Savoie, le « Reale Premio Roma » était alors l’un des rendez-vous incontournables du calendrier automobile européen. Le circuit urbain de 10,625 km serpentait entre Monte Mario, la via della Camilluccia et le Lungotevere, offrant aux pilotes un enchaînement de virages, de montées et de longues lignes droites particulièrement exigeant pour les mécaniques et les hommes.

  • Longueur du tour : 10 625 m
  • Distance totale de la première édition : 425 km
  • Moyenne de Carlo Masetti en 1925 : 97 km/h sur routes non fermées

Cent ans plus tard, les passionnés ont retrouvé l’adrénaline de cette épreuve unique, devenue musée à ciel ouvert le temps d’une matinée.

La légendaire Bugatti Tipo 35

Star incontestée de la manifestation, la Bugatti Tipo 35 présentée à Rome est une réplique fidèlement restaurée du modèle ayant offert la victoire à Carlo Masetti lors de la première édition. Chef-d’œuvre d’ingénierie pour l’époque, la Tipo 35 se distingue par :

  • Son moteur 8 cylindres en ligne développant environ 95 ch.
  • Sa suspension à lames elliptiques, garantissant un compromis étonnant entre confort et tenue de route.
  • Son châssis léger et rigide, construit en acier tubulaire, qui permettait aux pilotes d’aborder les virages les plus serrés à grande vitesse.

En dépit de son grand âge, cette voiture a retrouvé toute sa superbe pour un défilé digne des parades royales, attirant regards admiratifs et flashs des photographes.

Autres joyaux mécaniques et deux-roues d’exception

Aux côtés de la Bugatti, d’autres perles du patrimoine automobile ont répondu présentes :

  • La Ginetta G4 Sport de 1966, dont la légèreté et le moteur Ford V-4 ont fait les heures de gloire des courses de côte britanniques.
  • L’Itala 65 Sport de 1930, châssis spécial sur lequel Piero Taruffi s’illustra en remportant la Coppa del Cimino.
  • La Ferrari 275 GTB de 1966, symbole du luxe et de la performance des années 60, dotée d’un V12 capable de frôler les 260 km/h en pointe.

Les motos n’ont pas été en reste, avec notamment :

  • La Moto Guzzi Side Car Sport 13 de 1928, embarquant pilote et passager dans un bolide à la stabilité remarquable.
  • La Gilera 500 cc quatre cylindres de 1950, chef-d’œuvre de l’ingénierie italienne à quatre temps, capable de dépasser les 160 km/h sur circuit plat.

Ambiance et rituels d’une époque révolue

Le parcours de la parade s’est élancé de la Piazza dei Quiriti pour rejoindre le Parco di Roma Golf Club, où les bolides ont été exposés sur la pelouse le 8 juin. Les collectionneurs italiens et internationaux ont pris plaisir à partager anecdotes et relevés de chronos d’autrefois, tandis que les clubs de passionnés rivalisaient d’élégance dans leurs uniformes d’époque.

Une célébration historique et culturelle

« Nous sommes fiers de faire revivre une page majeure de l’automobile italienne », a souligné Giuseppina Fusco, présidente de l’Automobile Club Roma. Au-delà de la performance mécanique, le centenaire du Reale Premio Roma a mis en lumière le patrimoine culturel et social lié à ces compétitions urbaines, véritable catalyseur d’innovations et de rêves.

Échos entre passé et modernité

En observant ces engins centenaires, on perçoit combien les fondations posées par les pionniers ont préparé le terrain à la mobilité d’aujourd’hui. Entre la simplicité mécanique et l’élégance des lignes, la Bugatti Tipo 35 et ses contemporaines nous rappellent que chaque virage pris sur ces routes romaines a contribué à forger l’ADN de l’industrie automobile moderne.